Les illusions retrouvées

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Il existe au sein de l’International Spy Foundation un département dirigé par le grand chaman en personne. Le département des réalités.
O’Flaherty, jamais en reste pour ramener sa culture, l’a surnommé la caverne.
Il renferme tout ce qui peut exister sur le marché en matière de tripatouillage de la vérité vraie.
Staboulov m’avait fait la retape.
― Un matos ultra-sophistiqué, mais aussi toute une série de contacts bien placés et les moyens de pression ad hoc pour briser leurs réticences éventuelles. Vous voyez, ce n’est pas le tout de créer une fausse information, il faut trouver la bonne personne pour la balancer.

Depuis une semaine, le procureur chargé de l’affaire Dounia Summers a installé ses quartiers à la fondation. Il passe ses journées avec Staboulov, enfermé dans le département des réalités.
Le boss a tout de suite mis les choses au point.
― Il va sans dire que tout ceci est strictement confidentiel.
Pour la première fois, j’ai vu O’Flaherty s’opposer ouvertement au grand sachem.
― Monsieur, vous devez être conscient que nous enfreignons toutes les règles déontologiques de notre institution.
Il avait visiblement potassé ses fiches.
― Notre fondation est avant tout dédiée à la conservation et à l’archivage. Nous avons une mission de conseil technique et de prêt de matériel auprès des organismes avec qui nous avons passé contrat mais en aucun cas nous ne devons devenir des auxiliaires de renseignement. De plus, à ce que je sache, le bureau du procureur de N.D.Lay ne fait pas partie de nos commanditaires.
― O’Flaherty, a dit le patron en souriant, soyez un peu moins formaliste, nom de dieu. Le procureur est juste un ami à qui je rends un petit service. Et puis je suis responsable de cette fondation. J’assumerai s’il y a le moindre problème. Je vous demande juste le minimum de loyauté.
Staboulov avait visé juste. Au mot de loyauté, je sentis l’Irlandais se raidir tel un bon petit soldat. Il abandonna la partie.

On retrouvera un peu d’ADN de Nicolas Ardberg sur l’arme du crime. Par un curieux hasard, une caméra de vidéosurveillance l’aura filmé en train d’éventrer la petite camée.
Et on nous balancera en cinémascope l’ombre du psychotique assassin sur les murs de N.D.Lay.


Édouard.k.Dive