Les Cambronniens
Les fonctions naturelles et le rire ont perpétuellement fait bon ménage. Reliquat de l’enfance ? Transgression du tabou ? Urine et défécation font toujours recette.
C’est sans doute ce que pensaient les Cambronniens, qui prenaient un malin plaisir à rajouter le mot merde à toutes les parties du corps humain, pourvu que ladite partie rime avec la fin de la phrase de leur interlocuteur.
On soupçonne que cette manie dérivait de la fameuse répartie de Miguel Bourdelle à Fernand Bide. Ce dernier (sans doute agacé par le succès de La Bonne Tranche et l’arrogance de son rival) avait déclaré, en apercevant dans l’assemblée des personnalités telles que Simplex, Max Alanus et Théophile Doumonga :
― Il y a vraiment un monde fou.
― Merde au genou ! lui répliqua Bourdelle, en ironisant sur la calvitie de Bide.
La guerre était déclarée entre les deux établissements, et plus jamais ces trois humoristes ne purent se produire au Poil de terre.
Plus tard, les Cambronniens métamorphosèrent la célèbre réplique et Bourdelle ouvrait quasiment chaque soirée en déclamant :
― On ne peut pas dire que la salle est vide.
― Merde au bide !
Georgie de Saint-Maur