L‘Avenue (1976-1982)

 

 

Géographiquement, lorsque l’on parle encore aujourd’hui de « l’Avenue », c’est principalement pour désigner le carrefour Heymann, cette intersection moderne où l’immense avenue du Roy coupa en deux le célèbre boulevard du Var.

Ce dernier qui, depuis toujours, suivait fidèlement l’ancien tracé de la rivière, présenta soudain deux tronçons : le premier constitué par une impressionnante ligne droite, le second par cet interminable méandre que la population malicieuse rebaptisa le « Boulevard des Boules ».

Culturellement, il y eut (et il existe encore) un théâtre et un humour dits « de l’Avenue ». On se souvient encore aujourd’hui des soupières renversées, des portes qui ferment mal et du sempiternel divan sous lequel se cachait l’amant de la bonne.

Cet humour émanait surtout des spectacles donnés par les grandes sociétés du rire, qui fleurissaient dans ce haut-lieu de l’érudition et de la fantaisie.

Cette immense artère connut des soirées épiques.

C’est là que l’on pouvait croiser le gratin de l’intelligentsia !

 

De nombreux établissements à la mode prospéraient et, aux côtés du mythique Poil de terre de Fernand Bide, on dénombrait (pour ne citer que les plus fameux) la Poêle à rire, cette gigantesque salle de spectacle fondée par Pascal Pied, ou encore la Tapette à cuisse où se produisirent pendant des années les plus grands spectacles de travestis et, parmi eux, les mémorables Frères Cube.

Quelles qu’elles fussent, ces « machines à rire » furent fréquentées par des milliers de spectateurs qui répétaient à l’entour les meilleures répliques.

Celles-ci devenaient presque des scies. On vit des comédiens idolâtrés pour une saillie ou un mot d’esprit !

 

C’est cette période bénie des dieux que nous voulons ressusciter un instant.

Histoire de faire voleter les pans des jaquettes des comiques de cafés-concerts dans une panoplie de confettis et de paillettes.

Retrouver le temps d’un instant les bruyants éclats de rire qui parsemaient cette portion géographique privilégiée et redonner toute son aura à l’esprit de l’Avenue.

Nous allons donc, dans un savant désordre, faire le tour des lieux et (re)découvrir leurs fantômes d’opérette.

 

 

Georgie de Saint-Maur