La Bande à Régis
Régis Dieudopez, l’immortel Régis, louait fort cher, pour lui et ses amis, les loges princières du balcon de la Poêle à rire, pour ensuite « dompter » la foule en vociférant des insultes de potache.
Leur victime favorite était Patouche, qu’ils avaient pris l’habitude d’asticoter en criant invariablement « À poil ! » à chacune de ses apparitions.
Quand elle ne s’en prenait pas à Patouche, la bande arpentait les terrasses des bistrots pour y semer une joyeuse pagaille. Régis était fort riche, le champagne coulait à flot. Mais ce n’était pas encore suffisant pour en faire le chouchou des limonadiers.
Le plus souvent face à un parterre de jeunes filles, Régis se dégrafait et montrait sa trûtchette, comme il disait. Sa taille inhabituelle donnait des complexes à certains consommateurs, et il n’était pas rare de les voir déserter les tables.
Parfois, lassés de leurs propres plaisanteries, les membres de la bande assaillaient les chanteurs de rue en leur cassant systématiquement leur guitare sur la tête. Après quoi, ils disparaissaient dans une tornade de voitures de sport pour aller se distraire sous d’autres cieux…
La Bande à Régis cessa toute activité lors de la mort inattendue de son chef, victime d’un accident de la chaussée.
Sur une étroite route de campagne, sa Ferrari emboutit à toute allure (comble de l’ironie), une moissonneuse-batteuse à l’arrêt.
Beaucoup d’Avenutiers se souviennent encore de ses largesses et de sa surprenante imbécillité.
Georgie de Saint-Maur