Position 19
VOIR TOUTES LES POSITIONS
Dans les épisodes précédents :
Les protagonistes du roman se crêpent le chignon au Palais des progrès.
Psychœ et Crevert poursuivent leur voyage…
À bord du train 1069...
Grâce à son itinéraire électronique, l’express 1069 filait à toute allure dans le Labyrinthe.
Crevert alluma sa pipe flavescente. La beauté de Psychœ était progressivement devenue irrésistible.
Il la troussa comme un lapin.
Lorsque cette parenthèse fut refermée, l’inspectrice des assurances Comptex tremblait un peu.
— Alors, peureuse ? taquina-t-il.
— Tu sais, confessa Psychœ, il faut que je te dise quelque chose. Mon patron, le Révérend, m’a tout expliqué pendant la deuxième manœuvre : Bougebouche travaille pour Bolzaire.
— Ah ? Et il en est content ?
— Non, mais je veux dire : le Révérend et le magnat Bolzaire se sont partagé le Labyrinthe il y a cinquante ans. Pas d’embrouilles, pas de télescopages.
— Un roman sans friction.
— Tu rigoles, mais tu ne sais pas à qui tu as affaire, Bolzaire est un caïd, un vrai racineux.
Crevert se frotta le nez.
— Ce type est un gros poisson, insista-t-elle.
— Et alors, il faut le mettre dans une nasse ?
Crevert avait reçu, dès sa naissance, une bonne dose d’orgueil. Les fées, en se penchant sur son berceau, s’étaient cogné la tête.
— Ce que je veux dire, poursuivit Psychœ, c’est que tout ça est cousu de fil blanc. La police des fous est de mèche avec mon patron.
— Quelle heure est-il ?
— 11 heures 25. Mais à la demie ce sera pareil.
Crevert regarda longuement dans le vide intersidéral. Il était sidéré.
— Alors le Père chétif est un traître ?
— Aussi fiable que Judas l’Iscariote.
— Quand j’aurai le temps je le tuerai, mais là je n’ai vraiment pas le temps.
Le train, un peu vexé, accéléra de plus belle.
— Maintenant, excuse-moi, mais je dois aller au petit coin, se justifia Psychœ.
— Vise bien !
La dernière réplique du nain jaune était si fétide que l’inspectrice se boucha le nez.