Position 4
Dans les épisodes précédents :
Deux options rhétoriques s’affrontent : les partisans de l’antitexte et leurs adversaires. Chacun est persuadé du bien-fondé de sa position.
Bureau de la police des fêlés...
— Le nain jaune vient d’arriver, père chétif (sic), avertit le garde.
— Bien, faites-le entrer.
Le père chétif en question était le haut-commissaire de la police des aliénés. Un homme qui ne s’embarrassait pas de vaines hésitations, comme nous le découvrirons infra. La politique complexe du Métapoly était sa raison de vivre.
Quelques secondes s’écoulèrent et Crevert, un nabot velu, pénétra dans la pièce.
— Estime et jugulaire ! salua-t-il cérémonieusement.
— Oui, autant de ma part, atténua le père chétif, asseyez-vous.
Le siège indiqué était partiellement défoncé et ses capitons laissaient s’évader un ressort. Le local de la police des timbrés était terriblement minable et poussiéreux.
— En haut lieu, on vous tient pour notre meilleur agent, préluda le père avec une moue dubitative, et voici une belle occasion de le prouver.
L’autre redressa fièrement les épaules.
— J’avoue que je ne suis qu’un pion sur le métapolier, mais je vous écoute, boss.
— Il vaut parfois mieux être un illustre pion qu’un petit scorpion.
— C’est pour moi que vous dites ça ? interrogea paradoxalement le nain. Et il y avait dans sa voix le ton ennuyeux d’une tourterelle.
Le père chétif, bossu de naissance, ne répondit pas et arpenta le buvard. Il semblait réticent.
— Vous connaissez le maître Bougebouche ?
— Si je le connais ? Vous voulez dire : intimement ?
— Si c’était le cas, vous ne seriez pas employé chez nous en tant qu’inspecteur, méprisa le père chétif en jetant un regard circulaire sur les murs lézardés.
Une pluie abjecte se mit à tomber en faisant chanter les vieilles tôles ondulées du toit.
— Nous lui devons notre situation budgétaire, poursuivit le père avec amertume, c’est-à-dire restrictions, austérité, ceinture !
Crevert remonta sa grand-mère au grenier (1).
— L’entretien de l’immense Labyrinthe de Combes-la-Buse nous incombe et nous coûte une véritable fortune, lâcha son supérieur, le placement des panneaux, leur entretien et leur réactualisation d’un côté, les réparations et le débroussaillage de l’autre. Sans compter tous ces agents qui ne reviennent jamais et qu’il faut remplacer. C’est un insondable gouffre financier.
Il regarda par la fenêtre écaillée dont la vitre était fendue.
Son interlocuteur dodelina. Il était drapé d’une toge vermeille d’une longueur d’onde fort déplaisante. Chacun sa perte.
1 Expression du XVIIIe siècle signifiant « renifler ».