« Le Manifeste mutantiste » de Mathias Richard
Paru en 2012, cet article a été modifié le 20/07/2016.
Après lecture du manifeste mutantiste, une question tenaille : Mathias Richard a-t-il mis sa vie entière au service d’un canular, ou est-il simplement un peu *** (1) ?
Ensemble, et à grand renfort des très nombreuses traces qu’il laisse sur le web,
Tranchons !
(et notons accessoirement que Mathias Richard est un excellent exemple de ce qu’il ne faut surtout pas faire pour conserver une identité numérique honorable).
Afin de vous plonger dans un bain prolongé de musique à haut volume, puisque c’est une des très grandes idées ― un principe ultra-créatif même ― du mutantisme, vous lirez ce texte jusqu’au bout en écoutant très fort et en boucle cette formidable chanson.
Vous remarquez alors qu’au moins, ça rime.
Et que déjà, ça rigole pas.
Ailleurs, Mathias Richard nous emporte en décrivant les conditions d’écriture de son manifeste :
En 2006, ma vie est en crise, je finis d'écrire Machine dans tête, erre dans les rues, passe des semaines dans les émeutes à Paris, plonge dans la matière-chantier du livre collectif Raison basse (lecture de milliers et milliers de pages pour n'en extraire que quelques-unes), Internet accélère mon savoir de plus en plus rapidement (j'ingère films, séries, musiques, textes, images, idées, œuvres) [notez ! Grâce à Mathias Richard, ingurgiter, gober, gaver crée du savoir ! Comme on remplit un disque dur ! Du cognitivisme foie gras ! C’est un miracle !].
Mais qu’y a-t-il vraiment dans ce manifeste mutantiste ? Florilège :
Les murs ont des couilles.
L’écriture mutantiste est un art martial psychique qui gangrènera la neurobiologie jusqu’à en faire une subdivision esclave de la littérature. (Ça vaut bien un lol)
Les mutantistes sont des réplicants, c’est-à-dire des humains découvrant qu’ils sont des robots.
Cette civilisation hait, par-dessus tout, la poésie. Elle passe ses citoyens à l’aérosol poéticide. (Je sens que l’Éducation nationale va bientôt en prendre une louchée)
Le mot « mutantiste » s’origine en France, mais sa vérité concerne l’ensemble du monde. (L’Afrique et la fracture numérique te remercient, Mathias !)
Le passé c’est maintenant. (Pratique si t’as pas de montre)
Nous sommes [...] nuls. (Mais non, Mathias, mais non !)
Un body art psychique.
Le mutantisme se donne pour objectif d’exprimer les pensées des animaux, des plantes, des robots et des extra-terrestres. (Bin voyons)
Un trou sexuel crée un potentiel dynamique (Bien sûr, bien sûr...)
Le mutantisme réfléchit aux devenirs-robot et aux possibilités de subjectivités robotiques (ainsi qu’à leur immixtion dans le vivant et l’organique), en développant des linguistiques, pornographies, cultures et arts robots prospectifs.
Les protéines-enzymes bruissent comme des robots miniaturisés.
Nous avons un trou dans la tête.
Plonger nu dans Internet (labyrinthe inter-têtes) et en ressortir avec plein de trucs accrochés au corps.
Nous sommes des abstractionnomanes.
Xentrifugeuse : dispositif servant à extraire les pensées des cerveaux, le jus des fruits-pensées.
Le poids de la tradition conformiste réfrène la morphogénèse mutantiste.
Un magma subliminal à vocation éducative.
Les murs ont des couilles.
L’Instableur existe bel et bien: c’est une sorte de créature-vaisseau qui vient se positionner à la verticale de cités tentaculaires et y propager des ondes instables.
Poédilation d’un poème donné : entre chaque couple de mots dudit poème, on interpole (linéairement) les poétivités.
Le résultat de la spectromie poédiluante ne s’apprécie pas.
Métapoème après une poédilation d'ordre 2.
Se déplacer écrit le monde, nos déplacements recouvrent le monde d'une écriture invisible (sauf pour les satellites).
La vie grise d'un mec est le Technicolor d'un autre.
Les mutantistes sont une réalité, et ils sont parmi nous. (Brrr)
Mais, dans les arrière-salles de certaines boîtes de nuit des bas-fonds d'Alpha du Centaure, des dealers font fortune avec une nouvelle drogue : nos têtes.
Les extra-terrestres font des safaris à travers nous.
n.o.s. t.ê.t.e.s. s.o.n.t. l.e. s.a.f.a.r.i. i.n.t.e.r.d.i.t. d.'.e.x.t.r.a.-.t.e.r.r.e.s.t.r.e.s. d.é.v.i.a.n.t.s.
LES MURS ONT DES COUILLES (Pardon. Quelques difficultés à m’en remettre)
Le sperme est une version décompressée du rock’n’roll.
Mettez une tentacule sur votre œil, cela vous reliera à la mémoire optique de la nuit des temps, et agira comme une représentation 3D de tout ce qui s’est passé.
Les larmes aux yeux, je vous laisse réfléchir, en posant cependant une dernière question : qu’est-ce que l’excellent Antoine Boute (sans parler de Philip K. Dick, modestement crédité…) fout là ?
En attendant une réponse, et si vous voulez vraiment rigoler, vous pouvez trouver gratuitement la version numérique du « Manifeste mutantiste 1.0 » ici (2).
1 Le terme utilisé à l’origine par l’auteur a été modifié.
2 Une version corrigée et enrichie de 150 pages a été publiée sous le titre de « Manifeste mutantiste 1.1 ». Elle est disponible uniquement en version papier là.
Jean-Luc Dufour