Peu importe le flacon… (Critique de « Sous les toits » de Sébastien Ayreault)
Sous les toits serait selon son éditeur un de ces textes à « style incisif, dynamique, scénarisé et addictif, capable d'attirer des lecteurs d'aujourd'hui captés par les nouveaux médias ». Fort heureusement, Sous les toits vaut mieux que ce pauvre argument de vente. La meilleure preuve étant qu'en guise de liseuse dernier cri, je n'ai qu'un écran pourri. Qui fit parfaitement l'affaire pour dévorer ce bouquin noir, dur et dense.
Avis, donc, plutôt qu'aux heureux possesseurs de Kindle, aux amateurs de curiosa peu regardants sur le flacon ; qui s'en tapent un peu tout de même le coccyxbus des nouveaux médias, sauf... soyons pas ingrats, s'ils favorisent un tant soit peu les coups d'audace, font souffler un peu d'air frais et cinglant. On peut regretter le trop d'habileté de l'auteur, la facilité de certaines accroches, l'application narrative à occuper le créneau... dus à la commande, à la nécessité de se conformer aux nouveaux supports, au fast-reading né de leur usage. On aurait voulu le voir plus suivre sa pente, vraiment hors-piste.
Il n'empêche : Sous les toits offre une heure de lecture intense. Quelle tambouille de trous d'enfer, quels fracas mous ! Ces matinées d'usine ! Vacuité et rebonds illusoires, tant que reste une once d'espoir. Amateurs de langue chienne assortie de frites gluantes, vous aimerez. Et ce n'est pas parce que la saignante Noémie Barsolle a su magnifiquement illustrer ces pages que l'on pense au Diacétylmorphine de Frank...
Sylvain Moeckx