Onzième lettre
Pour Monsieur Kuklos
Crottes industrielles S.A.
88, Rue de la Roue
Paris, le 17/10
Cher Monsieur,
Permettez-moi de vous féliciter de tout cœur.
Cette idée de thérapie positiviste était remarquable !
Tous y croient et leurs crottes affluent sur mon bureau.
Plusieurs de nos patients se situent à présent dans une sphère favorable à une salutaire prise de conscience.
Afin de ne pas trop perturber leur nouveau domaine de définition, à savoir que tel se croit producteur, tel se croit amateur ou tel, même, se croit investi d’une mission curative, je propose de conserver, pour quelque temps encore et pour tout ce qui concerne ces messieurs, une totale discrétion quant à nos objectifs.
De mon côté, je ne suis pas resté les bras croisés à regarder tomber les feuilles.
J’ai toujours eu du goût pour les vieilles crottes séchées du temps des Romains, et on m’a beaucoup reproché mon classicisme.
Et cependant, il me parait évident que crotter doit rester une activité sainte.
Flagellation du postérieur et constipation sont indispensables pour que nos crottes trouvent grâce aux yeux du Seigneur.
Je vous envoie une relique de 1968 que je ne trouve pas piquée des vers.
Jugez-en plutôt.
En espérant que cet envoi vous agrée, je vous prie d’agréer, Monsieur Kuklos, l’expression de mes déférentes et sincères salutations.
Oscar Ducarré