Neuvième lettre
À Monsieur
le Président-Directeur Général
des crottes industrielles
88, Rue de la Roue
Paris, le 12 octobre
Monsieur le Président,
Votre idée était vraiment excellente.
Monsieur Labarre ne suspecte absolument rien.
Lorsqu’il m’écrit, il est toujours persuadé d’avoir affaire à un spécialiste de la crotte.
Il est réellement assuré d’être un producteur et vient d’ailleurs de m’envoyer la suite de ses inepties.
Fait pour le moins curieux, que je tenais à vous signaler immédiatement, il semblerait s’inspirer sans vergogne des crottes d’un certain monsieur Ducarré, lequel penserait, lui-même, contrôler cette situation.
L’état mental de l’infortuné Monsieur Labarre semble cependant connaître une patiente consolidation et de réels signes d’amélioration sont apparus dans ses crottes et dans ses rapports avec le personnel des cuisines.
On est loin de cette malheureuse affaire de croquettes pour chien.
C’est pourquoi, comme vous l’aviez d’ailleurs vous-même préconisé, je propose de poursuivre cette expérience durant quelques mois encore, afin de déterminer dans quelle mesure il a réellement fait des progrès significatifs.
À présent tout à fait autre chose, ainsi que vous l’aviez souhaité, je vous envoie une photographie de la plus grosse crotte de France (la mienne).
Vous savez à quel point j’estime que la production doit se teinter de souffrance. Nous devons nous concentrer sur nous-mêmes et sur toutes les dispositions qui nous entourent afin d’y puiser l’humilité nécessaire pour crotter dans le recueillement.
Je compte bien conclure sur ceci.
En espérant ne pas vous avoir fait trop attendre.
Attentif à tout ce qui pourrait faire l’objet d’améliorations, je vous prie d’agréer, Monsieur Kuklos, l’expression de mes sincères et respectueuses salutations.
Marc Cintré