Mais qui êtes-vous donc Janine Colère ?
Tout a déjà été dit sur Wrath. On ne va pas en rajouter. Tout de même, permettez. Il semble que certaines rumeurs n’aient pas été très bien relayées. Loin d’être malfaisantes à son égard, elles sont au contraire de nature à lui redorer le blason. Pourquoi a-t-on trouvé bien meilleur de les taire ? Eh bien voilà...
Mais d’abord, petit rappel des faits. Avec son blog intitulé « Wrath, survivre dans le milieu hostile de l’édition », notre jeune contemptrice s’est donnée pour mission de dénoncer le copinage et autres pratiques douteuses ayant cours (paraît-il) dans le milieu de l’édition, ayant eu elle-même à en faire les frais il y a quelques années. Jusqu’ici rien à redire, au contraire : elle met un coup de pied dans la fourmilière et c’est plutôt sain ! Il y a dans tout acharnement, dans toute opposition irréductible, contre vents et marées, quelque sauvage attrait qui force l'admiration. Qui n'en conviendrait pas? Sauf que… cette pseudo-lutte de David contre Goliath est une misère, qui cache d'autres desseins. En effet,
― elle est loin de Paris et ses infos sont donc de seconde main (reportage télé, un tel a dit que un tel avait dit que, etc.), ce qui enlève pas mal de crédibilité et d’intérêt à l’entreprise ;
― elle radote et ses têtes de Turc sont un peu toujours les mêmes (Léo Scheer, Dantec, Gallimard notamment) ;
― du côté des gens qui fréquentent le blog et laissent des commentaires, ça tourne en rond aussi : entre foire d’empoigne et petites attaques personnelles entre amis, le lecteur de passage se sent vite exclu ;
― qu’elle soupçonne que certaines jolies jeunes femmes ne sont pas publiées que pour des raisons ayant trait à leur dons littéraires (sous-entendu : y en a qui couchent avec des éditeurs pour réussir, ces salopes), soit, même si c’est moche de s’attaquer entre femmes mais bon…
En réalité, sa dénonciation du milieu éditorial et de certaines pratiques, sa vindicte à l’égard de plusieurs auteurs sont si outrancières, si peu subtiles, si convenues et peu dérangeantes à vrai dire qu'un bruit court... Loufoque ? Loin de là. Wrath ne serait en fait qu’un habile paratonnerre monté afin de protéger la morale de clan qu’elle fait semblant d’attaquer.
Janine Colère serait ainsi le masque d’un célèbre auteur expérimental soucieux de sauvegarder certains intérêts et us et coutumes de cet autre milieu, tout en s’amusant au passage (glorification de Guillaume Musso et Marc Lévy, création d’un personnage envieux et monomaniaque, etc.). La manoeuvre serait notamment parvenue à empêcher une enquête intitulée « De l’usage de la représentation promotionnelle de soi chez les auteurs expérimentaux », ébauche d' une investigation plus poussée sur l’organisation de ce secteur. Cette étude avortée mettait entre autres en évidence, par l'examen et l'analyse méthodiques, comment la pratique d’une autodérision d’apparat cachait en réalité le souci constant de coller aux clichés de la contestation, à sa représentation emblématique. Ainsi de la pratique du crâne chauve, qui, outre qu’elle permet de masquer une calvitie qui eût eu pour effet de ranger du côté de Jean-Claude Dusse (Michel Blanc des Bronzés), confère en outre à son possesseur une aura toute foucaldienne (cf. Guyotat / Courtoux / Pennequin). L’étude s’intéressait aussi aux panoplies arborées, dont la finalité est identique (cf. parka-capuche-fourrure-caillera de Nathalie Quintane, auteure dignoise de Tomates).
Au lieu de cela, donc, les tartes à la crème de Wrath...
Salima Rhamna et Marianne Desroziers