Les infréquentables du net : des auteurs et artistes à suivre
Suite à un petit lien sur notre site vers le blog d’Andy Vérol, nous avons reçu un commentaire un brin désobligeant sur Facebook d’un ami d’ami qui n’est pas pour autant notre ami, et comme à toute chose malheur est bon, cela m’a amenée à m’interroger sur la notion de persona non grata sur le web. Y aurait-il des gens indésirables, infréquentables, malintentionnés sur Internet ? Je ne parle pas ici des pédophiles en quête de proies, des terroristes préparant des attentats sur le marché de Noël ou des vendeurs de faux médicaments mais d’individus vouant leur vie à cette folle activité qu’est l’écriture de roman irrévérencieux, la réalisation de B.D. underground et autres folies qu’on appelait en d’autres temps « arts ».
Depuis quand le fait de ne pas marcher sur les clous de la littérature pré-mâchée ou de la B.D. gentillette pour trentenaires bobos est-il un crime ? J’ai donc envie d’en remettre une couche et de vous conseiller de suivre les travaux d’Andy Vérol, par ailleurs biographe de Noir Désir, et dont on peut lire une intéressante interview ici. Et aussi de vous inciter à jeter un œil sur le blog de Demoniak et de lire la B.D. mise en ligne gratuitement par épisodes mettant en scène Hortefeux, Sarko, Bettancourt et consorts dans des attitudes pour le moins explicites et drôles. Attention, à réserver à un public averti tout de même, et un lecteur averti en vaut deux comme chacun sait.
De même avec un auteur comme Paul Sunderland, dont nous publions les nouvelles, qui publie aussi dans la revue l’Angoisse : souvent mal compris (ou plutôt mal lus ou pas lus du tout) sur la plate-forme M@nuscrits du site de Léo Scheer, ses écrits méritent mieux qu’une lecture rapide et des commentaires à l’emporte-pièce de la part de certains pressés d’accuser leur prochain des pires turpitudes. Idem pour Lucien, carrément censuré par Léo Scheer, il a vu sa nouvelle supprimée du site sous prétexte qu’elle pastichait un texte d’une autre « M@nuscrivante » qui s’était sentie offensée.
Quant à Jean-Louis Costes, performeur, musicien, dessinateur (auteur d’une B.D. pour adultes qui vient de sortir chez Requins Marteaux), artiste touche-à-tout, il manie la provocation et le second degré, ce que certains ont du mal à piger si on en juge par le fait qu’il a été traîné devant les tribunaux pour propos racistes. Le roman « Viva la merda » qu’il a publié chez les éditions Hermaphrodite en 2002 et dont j’ai lu un extrait donne vraiment envie d’en lire plus. Plus d’infos sur cet artiste farouchement indépendant et underground ainsi que son parcours ici. Et visitez son site et écoutez son épatante chanson de la semaine.
En conclusion provisoire, si comme nous vous êtes de ceux qui refusent de voir l’art sous toutes ses formes ― y compris celle qui peut passer pour de la provocation ― assimilé à la culture de masse des têtes de gondoles des FNAC, n’ayez pas peur de fréquenter les infréquentables, penchez-vous sur leurs travaux et faites-vous un avis par vous-mêmes, loin des diktats des bien-pensants et mal-réfléchissants.
Marianne Desroziers