La mort de Gregor
L’avenir m’a laissé tomber.
Les traces de Jimmy Jones s’accrochent à mes chaussures comme un vieux chewing-gum.
J’ai quitté temporairement mon boulot de veilleur de nuit pour une mission à plein temps, organisée aux petits oignons par le sieur Staboulov.
De mon passé de spécialiste en linguistique électro-informatique, j’ai gardé une bonne connaissance du tripatouillage des données. Le boss m’a balancé les grandes lignes de l’opération.
« On a deux dossiers gruyères sur deux individus : Jimmy Jones et Joe Ghidetti. Comme on veut pas passer pour des branquignols, vis-à-vis de la postérité et des types là-haut qui décident des lignes budgétaires… »
Il s’est arrêté un instant pour voir si je suivais. Il a continué :
« On va traficoter tout ça. On va réécrire l’histoire depuis le début. Donc on a toujours su que Jimmy Jones était Joe Ghidetti. Un dossier, une identité. Jimmy Jones alias Joe Ghidetti. Plus de gruyère et s’il reste des trous, tu inventes. Tu vas bosser avec O’Flaherty. Un type un peu trop honnête à mon goût mais qui a l’esprit maison. Des questions ? »
Pas de questions.
J’ai pris contact avec l’Irlandais. Nous passons nos journées à inventorier, copier, couper, coller. L’histoire s’écrit désormais en langage SQL.
Édouard.k.Dive