La Veuve


De la part de
Georgie de Saint-Maur 

Pour Monsieur Eddy Bouq
Directeur de publication aux Éditions qui méditent

 

Le mercredi 12 octobre

 

Cher Monsieur,

Toujours enthousiaste à déployer pour vous l'éventail de ma production littéraire, conforté par les recommandations de notre excellent ami Jean-Paul Bastin, je n'aurais pas voulu partir en Provence sans vous avoir envoyé, au préalable, mon petit recueil : La Veuve.

La Veuve est un récit d’horreur pour enfants.

Ils ne pourront lire ce roman sans frémir.

Il n’est pas sans rappeler la tenace évidence orale du Petit Poucet, qui porte la conceptualisation de l’épouvante au niveau de la compréhension enfantine.

 
 

Condensé

 

La veuve est, en fait, le mythe de l’ogre revisité. Une femme qui tue les enfants pour les dévorer. Notre héros, Bastien, a onze ans et il a été hypnotisé par ses appas.

Il espère bien passer, avec elle, le cap tant attendu de l’initiation à l’amour.

Capturé, il sera emprisonné dans une cave où il attendra dans l’angoisse de subir l’horreur de son sort.

Heureusement, les gendarmes viendront le délivrer à temps.

 
 

Morceaux choisis

 

Depuis qu’à la fenêtre elle m’avait montré ses seins, je rôdais presque chaque jour autour de la maison de la veuve.

Ma petite trique bien bandée dans mes pantalons courts, je rêvais d’images si érotiques que je les léchais, tandis que je marchais difficilement.

Je mis le pied sur un piège à loup. Ses mâchoires d’acier se refermèrent sur mon mollet… Il saignait, je me mis à hurler.

Soudain je la vis ! Elle était là, à me regarder. Dans ses mains, une batte de base-ball.

Je compris tout de suite ce qu’elle allait faire…

 

[…] Quand je repris conscience, j’avais dans ma bouche une douleur atroce, elle m’avait coupé la langue !

J’étais dans un piteux état, enchaîné dans une vieille cave dégoûtante.

À coté de moi, sale comme un goret, assis tout nu dans ses excréments, un gamin grassouillet mugissait comme un animal. Lui aussi avait la langue coupée.

Nous meuglâmes ainsi tous les deux pendant des heures, lorsque enfin la porte s’ouvrit et la veuve descendit les escaliers.

Elle avait à nouveau son gourdin,

Le gros lard s’affolait au bout de sa chaîne, il criailla de plus belle et urina de peur.

La veuve le frappa plusieurs fois de toutes ses forces.

Sur le gourdin il y avait du sang et de grosses touffes de cheveux.

Elle le tira par les pieds et le suspendit à une poutre.

Là, elle le vida de son sang et vidangea ses entrailles.

Je compris alors pourquoi on l’appelait la veuve noire, en même temps que ma merde coulait sur mes jambes maigres.

 

[…] Six mois plus tard, j’étais obèse.

Elle me gavait avec une espèce de gelée graisseuse. Lorsque au début je refusais d’en manger, elle me frappait à l’aide d’un long martinet, avec une brutalité inouïe. Depuis je m’empressais de l’avaler goulûment.

Je me souviens avoir crié pendant des jours et des jours. La maison était isolée, sans voisins, loin de tout. J’avais été bien stupide de m’aventurer si loin de chez mes parents. Parfois je pleurais plusieurs heures de suite sans pouvoir m’arrêter.

 

[…] Son visage se déformait comiquement sous les coups. Son œil fermé enflait comme un crapaud. Une grosse bosse bleuâtre poussait à toute allure sur son arcade, avant de crever sous un nouveau choc, encore plus violent. Son nez, cassé, dégoulinait de sang épais.

Le gendarme semblait décidé à ne jamais s’arrêter.

Il frappa cruellement ses seins. Ceux-ci encaissèrent mollement le heurt, ils s’aplatirent comme deux vilains sacs de graisse. Il lui asséna de grands coups de pieds dans le bas-ventre, elle se mit alors à vomir une pâte de glaires et de minuscules morceaux de viande.

― Arrête, Jacques, lui dit son collègue, tu vas la tuer !

Au bout de mon sexe jaillit une éclaboussure de plaisir.

J’avais joui de joie…

Ma première éjaculation, je la devais à la veuve !