Finaud à la mer


De la part de
Georgie de Saint-Maur
 

Pour Monsieur Eddy Bouq
Directeur de publication aux Éditions qui méditent

 

Le mercredi 28 septembre

 

Cher Monsieur,

Je reviens brièvement à la charge, conseillé par notre bon ami Jean-Paul Bastin, qui s’étonne un peu de votre silence. Il s’agit cette fois de Finaud, une merveilleuse petite mécanique à laquelle j’ai œuvré durant des années.

Une bien étrange syntaxe ! Une bien étrange phraséologie !

Vous verrez, on ne comprend pas très bien : ni qui est Finaud, ni même ce qu’est finaud.

Humain ou animal ? La raison vacille, et cette lecture la culbute dans le mythe troué de la communauté archaïque.

Répétitions imbéciles, fragmentations, le langage se disloque pour devenir presque étranger.

Finaud pourrait-il être un de nos ancêtres reculés, préhistorique, à la fois respectueux de son territoire et moderne partisan d’une « remagification » du monde ?

Un seul mot daigne se poser sur son épaule : goguenardise…

 

Nota bene

Ce texte a réellement été lu à haute voix, lors d’un atelier créatif, à un public d’handicapés mentaux. Ces derniers semblaient non seulement avoir compris le sens du texte, jusqu’en ses détails dérobés, mais ils l’ont, en sus et à leur manière, longuement ovationné.

 
 

Condensé

 

Sans être explicites, les aventures de Finaud sont assez nombreuses : Finaud à la mer, Finaud à la montagne, Finaud fait du théâtre, Finaud à la ferme. Il est malaisé de les résumer.
Dans celle-ci, nous voyons essentiellement notre héros émigrer au bord de la mer.

Mais sont-ce des vacances ou subit-il, à l’instar d’Hugo, un exil ?

On ne comprend jamais très bien les aventures de Finaud. Il échappe à notre dialectique et se complait dans une formulation presque débile.

Rien ne nous permettra jamais d’accorder à Finaud le postulat de confiance qu’exige le décodage de ses actions.

 
 

Morceaux choisis

 

On va dire à Finaud qu’il part à la mer… Il sera si content… (Il manifestera tous les signes d’un profond contentement)…

Un homme vient… Il sonne… Il appuie sur la sonnette de la maison de… ? De… ? De… ? De Finaud !

La sonnette sonne… Finaud ne va pas ouvrir… Il parle.

Finaud n’a pas entendu la sonnette sonner… Il parle dans la boîte aux lettres !

― Tu pars à la mer, Finaud… un petit peu…

C’est l’homme qui dit ça… Finaud parle encore dans la boîte aux lettres…

Est-ce que tu vas courir un petit peu en hurlant, Finaud ?

L’homme sonne encore sur le bouton de la sonnette.

― Finaud, espèce d’idiot, ouvre donc cette porte ! Tu pars à la mer !

Il faut préparer sa valise… Il va le faire !

Finaud sait bien… L’homme s’en va… Finaud rit de joie… À la mer !

Quels beaux congédiements !

 

[…] Tout est mouillé à la mer… Finaud pourra courir un petit peu dans la plage…

Peut-être hurler ?... Il se moutonne…

Il devra hurler en breton !

Le breton est une autre langue pour parler à la mer… Finaud sait bien… Il est fort malin et il est capable… Dans un livre il a vu des mots bretons… Finaud lit des livres, il est malin. Il lui arrive toujours des belles histoires et des aventures… L’homme a une voix un peu saucisson… Mais Finaud va partir à la mer… Parce que c’est un courageux… Il ne dort pas en parlant dans la boîte aux lettres… Il fait bien ses affaires… Il parle… Il dit des beaux affaires (sic)…

C’est un grand capable.

 

[…] Finaud n’est pas contraire. Finaud boit une bière dans un café par exemple, il n’est pas saoul… Il aime bien la bière… Finaud n’est jamais saoul… Il peut boire de la bière autant qu’il en a envie…ça ne lui fait pas saoul ! Finaud boit bien… (C’est un grand capable, et cætera). Est-ce que vous aimez bien Finaud ?

Il est gentil et doux comme un petit lapin… Avec des oreilles…

Oui, mon petit Finaud… Oui ! On t’aime bien !

Mon gamin, Finaud … Valet… On t’aime bien, sais-tu, Finaud…

Mon petit Finaud, va…

 

Si vous n’aimez pas les histoires de Finaud,

la prochaine s’appellera : Finaud est bien gentil.

 

[…] Finaud est bien gentil… Mouchoir… Il danse… C’est un capable (ce fait est bien connu de nos lecteurs). Hier, il mangeait et il sautait et il transpirait… Aujourd’hui, c’est fini… Finaud ne veut pas toujours… Il y a des fois où il rit en dansant… Il rit beaucoup et il ne tombe jamais… C’est un gentleman

Hier, du soleil sur sa tête… Mauvaise habitude…

 

[…] Toupin ! Toupin ! Ce sont des oiseaux…

Les oiseaux volent…

Hier, son pain a disparu…

Les oiseaux volent !

Finaud est bien crocodile aujourd’hui… Il est gentil et ses yeux pleurent…

Sacré Finaud… Il est comme un oscar… Stupide Finaud !

 

[…] Il pluie toujours mais des histoires… Sûrement des histoires !

Ce qui devait arriva… Comme quand on croyait à la mour…

Bien !... Tout est beau ! Beau et doux !

Le miroir qui rend les gens bons ! Qu’est-ce qu’on a pu rire…

Finaud se rappelle de toux ! Le rhume, le froid aux yeux… Les oreilles… Je l’ai.

Quand il sera jeune, il sera l’incarnation du bonheur ensoleillé pour tous ses amis…

L’amico di tutti !...

Il sera chaud et peluche… Un peu muet sera son défaut…

Car ses lèvres seront les paupières de sa bouche… Comme d’autres gagnent au tiercé…

 

[…] Il voulait ranger son appartement, mais il n’a pas de place où le mettre !...

À la troisième ligne, on croit lire ; ce qui devait arriver arriva. Mais il n’est pas écrit cela… C’est un piège.

Finaud n’est pas comme ça… On peut l’aimer tous ensemble à l’arrivée…

À l’arrivée quand il va faire ses courses !

À l’arrivée du train, quand il s’est suicidé parce qu’il déraille… Hahaha…

Maudit Finaud !