Douzième lettre
À Monsieur Boulet
80, Boulevard du Globe
Paris, le 23/10
Boubou,
Il semblerait que ton idée de faire croire à Oscar et à Marc qu’ils avaient un potentiel de production de crottes ait porté ses fruits au-delà de toute espérance.
Il me parait avéré qu’ils pensent réellement tous les deux que leurs crottes sont leur création et que l’amélioration de la santé mentale d’un certain Romain Labarre soit le fruit de leurs bons soins.
Par ailleurs, ils me croient également caution de leurs excréments.
En espérant que tout cela puisse véritablement hâter la date de leur guérison.
Tu sais combien j’étais opposé, au départ, à cette mystification, l’estimant dangereuse pour des personnalités aussi fragiles que celles de ces deux patients.
Il me faut aujourd’hui admettre qu’à part ce déplorable incident avec le médecin de garde, je m’étais trompé et qu’ils semblent reprendre une assurance qui ne pourra que leur être profitable.
Sinon, à part ça, réjouis-toi mon ami, car j’ai enfin pondu une crotte magnifique en guise de conclusion et je te l’expédie séance tenante.
Tu sais à quel point je me fiche des vieilles crottes qui encombrent nos musées.
Moi je suis de mon temps. Vive la crotte actuelle !
J’espère te voir à la promenade.
Ton petit Spyridon