Dixième lettre

À l’attention de Monsieur Marc Cintré

Directeur de la Fabrique de crottes

66, Tournant de la Voûte

Paris, le 14/10

Cher Monsieur Cintré,

Votre courrier nous est bien parvenu.

Il reflète toutes vos capacités et je ne doute pas un seul instant que nous fassions de votre crotte un grand succès.

Mon grand-père récoltait les crottes de centaines d’employés et mon père avait des filiales partout dans le monde. Je diffuse ma production de façon internationale et personne n’a jamais eu à se repentir de faire partie de ma clientèle ; je joue sur les formes et les couleurs, de façon à rester compétitif.

Et, cependant, je n’obtiens qu’une mauvaise diarrhée en pot.

Soucieux de redevenir le numéro un, je reste attentif à tout ce qui constitue le produit marginal, qui revêt bien souvent l’aspect de l’artisanat.

Dès à présent, j’adresse votre crotte à notre service d’identification qui diligentera son homologation afin de déboucher très prochainement sur une diffusion.

En ce qui concerne Monsieur Labarre, je partage entièrement votre avis.

Ses dernières remarques à propos de la cuisson des pommes de terre et de la mauvaise qualité du service des repas étaient remarquables.

Elles prouvaient la stabilité de son jugement et démontraient que ses capacités d’intervention avaient recouvré une place beaucoup plus conventionnelle.

Carte blanche donc, quant à la suite de notre traitement.

Pour votre œuvre personnelle, je vous remercie énormément de la confiance que vous témoignez aux Crottes Industrielles S.A. et, en tant que Président-Directeur général de l’entreprise, je vous prie de croire, Monsieur Cintré, à l’assurance de ma considération distinguée.

Spyridon Kuklos

Président-Directeur général