Deuxième lettre
Au Chantier de crottes
de Néron Boulet
80, Boulevard du Globe
Paris, le 27/09
Cher Néron,
Je te remercie de ta sollicitude.
J’espère que toi aussi tu vas mieux et que tes langueurs morbides ne sont plus qu’un mauvais souvenir.
C’est avec un vif plaisir que j’ai reçu ton dernier envoi, pris connaissance de ta lettre et de la situation de tes crottes.
Je continue d’être émerveillé par leur style époustouflant et par ton génie.
Elles me semblent tellement prometteuses que, bien que mon propre programme soit très chargé et que mon tas de crottes soit assuré pour plusieurs saisons, je mets immédiatement tout en œuvre pour y ajouter les tiennes.
Un dernier détail : ne confond pas quantité et qualité. Oscar Ducarré est certes un vieil emmerdeur, mais en général il réunit autour de lui plusieurs connaisseurs éclairés. Il brigue chaque année le prix spécial de la plus grosse crotte de France. Il est probablement aux antipodes de ta conception, puisqu’il n’accorde aucun crédit à l’acte, mais juge seulement du résultat. Ne le sous-estime pas !
Avec toutes mes félicitations.
Romain Labarre
Chef des Ateliers