Cybervox, saison 2

 

Un acte imbécile, certes, qui montre bien le travail qu’il reste à accomplir pour que la parole de l’autre, quel qu’il soit, puisse être perçue, respectée et entendue… En exergue, cette phrase d’Hermann Broch : …entre l’homme et l’homme, entre le groupe humain et le groupe humain règne le mutisme, c’est le mutisme du meurtre… Autrement dit, pas de violences sans procéder, au préalable, au meurtre du langage (Mona Chollet : ôter la parole à ceux qui défendent ou représentent la diversité, la prolifération des univers et des interprétations, et savent comment rompre le mutisme !). 
…ou de l’impossibilité de recourir au langage…
 
Car, sinon, qu'en serait-il de la phrase viciée, tordue à volonté ? De ces motordus, vrillés à l'extrême ! De ces infernales fleurs du mal ? 

Exemple :
Le destin charmé sent tes jupons comme un chien... 

Ou :
Harry aimait les femmes mais n'enculait que les femmes mariées... 

Le HTML !
Nous verrons ça plus tard ! 

L’homme contemporain serait donc devenu une machine bloguante. L’ouvre-blogue critique veillant à ce que sa parole ne se banalise ni ne se dilue à l’extrême ! 
Tout comme le lieu est subordonné au temps. Celui des réminiscences. 

Le mutisme du meurtre ou… 
quand y en a marre de Phixioneur y a Malabar ! 
…chaise qui grince dans la pénombre… 
Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ? 
Les deux, mon colonel ! 

Toutefois, à cet égard, méfiance ! Car, selon Balzac (dans son Traité des excitants modernes, 1838), l’alcoolâtre donnera naissance à des hydrocéphales aux yeux ovales ! La cause ? Tellement évidente elle aussi : cette soif dévorante qui s’empare de vous les lendemains de cuite, lorsque la parole se libère pleinement, sans plus rien pour la contenir ou la contraindre, cette herbe folle (qui gouverne tout et ne répond de rien) ! 
Baudelaire, quant à lui (dans sa Représentation de la modernité), considère l’ivresse, donc cette parole démesurée, parfois putassière voire ignominieuse (ses fleurs du mal), comme la voie royale menant au Paradis, car abolissant le tempsune éternité de délices…le temps, ce maître souverain !
De Quincey comme un catalyseur de « créativité », « état dans lequel l’homme a la révélation de la Beauté ».
 
Une beauté érectilophone pourrait-on dire ! 

En attendant LE CRI ! D'autres cris... 
Joli cul ! Ce dernier mot me fait bander ! 

L'évocation de l'enfant mort (décidément très en vogue actuellement !). Enfance mise à mal dans un monde où il n'est plus question que de rentabilité, de résultats, de profits de toutes sortes. Cet enfant, cette parole morte que nous portons en nous... comme pour mieux souligner son absurdité (celle du monde)... sa vacuité... le vide dont il ne cesse plus de se remplir... d'une parole creuse et insignifiante... 

Et lorsque tout se dit pleinement, le monde se colore ! 
Je suis une poussière... Qui va m'aspirer ?
 

…voix et sons mêlées… 

« Ce n'est pas le bruit d'un avion. C'est le bourdonnement d'un insecte qui voltige près de mon oreille : un insecte plus petit qu'une mouche, qui trace dans l'air quelques cercles sous mes yeux avant de disparaître dans un angle de la pièce obscure... » (Bleu presque transparent, Murakami Ryû) 

Ou le mariage du ciel et de l'enfer...   


Philippe Sarr