Belle pièce, Amiral !

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Drame joyeux en un acte d’Angoulot.

Avec, par ordre d’entrée en scène des personnages :
- L’amiral Pompon
- Chourfette
- Monsieur Taucou
- Madame Taucou
- Mademoiselle Mitemarre
- Dufour
- Madame Cumoire
- Les frères Tatasse 
- Le type louche
- Les trois mousquetaires et d’Artagnan
- L’équipe de football de l’Olympique

*

L’amiral est seul en scène, il est en train de faire ses bagages. Entre Chourfette, brandissant une hallebarde et roulant des yeux fous.

Chourfette ― Ah ! Bonjour, Amiral.
L’amiral Pompon ― Chourfette, quel bon vent ?
Chourfette ― Le vent du sud, Amiral, le vent du sud. (Il s’installe sur le canapé.) Si vous aviez un instant à me consacrer, je vous raconterais tous les détails d’un projet dont vous ne seriez pas le dernier à profiter.
L’amiral Pompon ― Hélas, je n’ai pas un seul instant à perdre mon cher (montrant sa valise), car je dois partir.
Chourfette ― Oh, c’est dommage, moi qui comptais vous inviter à passer quelques jours dans ma luxueuse villa sur la Côte d’Azur.
L’amiral Pompon ― Cher ami, croyez bien que je le regrette.

Entrent Monsieur et Madame Taucou, la mine coupable, portant tous deux de sinistres poignards.

Madame Taucou ― Ah, Amiral, enfin vous voilà !
L’amiral Pompon ― Bonjour, mes amis.
Madame Taucou ― Nous vous cherchions partout…
L’amiral Pompon ― Je n’ai cependant pas bougé d’ici.
Madame Taucou ― Auriez-vous une minute ? Je voudrais vous faire part de notre projet.
L’amiral Pompon ― Hélas, je n’ai pas une minute à moi (montrant sa valise), je suis sur le départ.
Madame Taucou ― Oh, Amiral, quel dommage !
Monsieur Taucou ― Figurez-vous, mon cher, que ma femme avait ourdi l’entreprise insensée de vous emmener dîner ce soir au Cygne de la Galette.
L’amiral Pompon ― Chers amis, merci d’avoir pensé à moi, c’eût été avec plaisir bien entendu, mais hélas (montrant sa valise), mes affaires m’appellent…

Entre rapidement Mademoiselle Mitemarre, ses yeux chafouins trahissent la fiole de poison qu’elle dissimule dans son sac à main.

Mademoiselle Mitemarre ― Mon bibi, grande nouvelle !
L’amiral Pompon (dont les yeux s’ouvrent tout grands) ― Bonjour, Coco.
Mademoiselle Mitemarre ― Tu n’as pas l’air fort heureux de me voir ?
L’amiral Pompon (dont les yeux s’écarquillent de plus belle) ― Si, si.
Mademoiselle Mitemarre ― Figure-toi que mon fiancé part en voyage pour trois semaines.
L’amiral Pompon (épouvanté) ― Ah ?
Mademoiselle Mitemarre ― Eh bien, c’est tout l’effet que ça te fait ?
L’amiral Pompon ― C’est magnifique, Coco… (Se tournant vers le public :) Trois semaines !
Mademoiselle Mitemarre ― Nous pourrions en profiter pour séjourner à Megève, en amoureux, qu’est-ce que tu en dis ? Va vite préparer tes skis.
L’amiral Pompon ― C’eût été avec plaisir, Coco, mais là (désignant sa valise), je dois partir.
Mademoiselle Mitemarre ― Oh, tu vas partir ? Tu vas partir sans ta petite Coco d’amour ? Pourquoi ?
L’amiral Pompon ― Une affaire des plus importantes que je dois expédier.
Mademoiselle Mitemarre ― Oh ? Il y aurait donc des choses plus importantes que moi dans ta vie ?
L’amiral Pompon (sentencieusement) ― Celle-là est capitale, Coco. Je ne peux y surseoir.
Mademoiselle Mitemarre (faussement suppliante) ― Oh, allez, mon bibi ?

Entre brusquement Dufour, cachant gauchement un chandelier derrière son dos.

Dufour ― Ah, mon vieux, ça y est, tout est arrangé !
L’amiral Pompon ― Arrangé ? Qu’est-ce qui est arrangé ?
Dufour ― Mais notre voyage au Cap-Vert, voyons. J’ai ici les billets. Nous partons après-demain. Assieds-toi, je vais te raconter tout cela par le menu.
L’amiral Pompon ― Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Tu ne m’avais jamais parlé de ce voyage !
Dufour ― Hahaha, non, bien sûr, comment aurais-je pu prévoir que je le gagnerais ?
L’amiral Pompon ― Écoute, Dufour, tu es bien gentil mais là (désignant sa valise), je m’en allais.
Dufour ― Comment, tu pars ?
L’amiral Pompon ― Oui, mon vieux, toute affaire cessante.
Dufour ― Mais enfin, tu aurais quand même pu m’avertir.
L’amiral Pompon ― Ah ben, tu en as de bonnes, toi !

Entre brutalement la grosse Madame Cumoire, tenant une solide cordelette entre ses mains, les parois du décor tremblent un peu.

Madame Cumoire ― Mon chéri, mon chéri ! (S’arrêtant sur place et désignant Mademoiselle Mitemarre :) Mais que fait cette grue ici ?
L’amiral Pompon (ennuyé au-delà du possible) ― Tiens, bonjour, chère voisine, comment allez-vous ?
Madame Cumoire traverse toute la scène pour venir s’effondrer en pleurs sur le canapé, à côté de Chourfette.
Madame Cumoire ― Monstre ! Quand je pense que je venais te proposer de m’accompagner tout un mois sur l’Île de Pâques, et tu fais semblant de ne pas me connaître !
L’amiral Pompon ― Eh bien, ce sera pour une autre fois Raymonde, car là (désignant sa valise), j’étais sur le point de m’en aller. (Se tournant vers le public :) Un mois !

Madame Cumoire (reniflant) ― Une autre fois ? Mais quand ?
L’amiral Pompon ― Je ne sais pas, ne m’oblige pas à te dire : « À la Trinité ».

Tous les acteurs présents éclatent de rire. Entrent très rondement les frères Tatasse, armés de mitraillettes.

Les frères Tatasse (en chœur) ― À vos ordres, Amiral !
L’amiral Pompon ― Mais que se passe-t-il ? Vous vous êtes tous donné rendez-vous ici ou quoi ?
L’aîné des Tatasse (saluant en tendant un papier tricolore) ― Votre ordre de marche, Amiral.
L’amiral Pompon ― Un ordre de marche ? Mais de qui ?
L’aîné des Tatasse (saluant) ― Je ne sais pas, Amiral, je ne suis que deuxième classe.
Le plus jeune des Tatasse (saluant à son tour) ― La guerre vient d’être déclarée, Amiral, et notre flotte…
L’amiral Pompon ― Oui, oui, bien. Mais bon, vous m’excuserez auprès de l’État-major parce que là (désignant sa valise), j’étais sur le point de partir…
Les frères Tatasse (en chœur) ― À vos ordres, Amiral !

Entre inopinément un type louche, le visage blême et tenant un lourd marteau.

Le type louche ― Bonjour, messieurs-dames.
L’amiral Pompon ― Allons bon. De quoi s’agit-il encore ?
Le type louche (en s’adressant à l’Amiral) ― Vous êtes bien l’amiral Pompon ?
L’amiral Pompon ― Oui.
Le type louche ― Permettez-moi de me présenter : Jules Leplat, assureur.
L’amiral Pompon ― Je n’ai pas besoin d’assurance.
Le type louche ― Pourtant vous en manquez singulièrement.

Tous les acteurs présents éclatent de rire. Un brouhaha de consternation émane du parterre.

L’amiral Pompon ― Je n’ai pas le temps de rire avec tout ça, car comme vous le voyez (désignant sa valise), je fais mes bagages.

Entrent comme la foudre les trois mousquetaires et d’Artagnan, flamberges au vent.

Aramis ― Où est passé l’amiral ?
L’amiral Pompon ― Je suis ici.
Aramis ― Amiral, nous venons vous remettre la prime pour la capture de Sam le gros, l’étrangleur…
L’amiral Pompon ― Ah bon, et qui est cet imbécile ?
Aramis ― Mais Amiral, rappelez-vous, vous l’avez arrêté hier soir, alors qu’il tentait de gagner le Mexique en franchissant le Rio Grande.
Porthos (rabattant le bord de son chapeau) ― Et la prime est de cent mille dollars. Madame Cumoire ― Oh, mon chéri !
L’amiral Pompon ― Oui, parfait. C’est très bien, mais là (désignant sa valise), je suis sur le point de partir.

Entrent au pas de gymnastique tous les membres de l’équipe de football de l’Olympique, chacun portant une ceinture d’explosifs.

L’avant-centre (en levant les bras) ― Où est l’amiral ? Il faut que je l’embrasse.
L’amiral Pompon ― Je suis ici.
L’avant-centre ― Amiral, votre technique d’entraînement est extraordinaire !
Le gardien de but ― Elle a fait de nous les champions de la Coupe des vainqueurs de Coupes !
L’avant-centre ― Vous êtes formidable.
L’amiral Pompon ― Merci.
Le gardien de but ― Attendez, Amiral, nous ne sommes pas venus seuls, il y a avec nous une foule de journalistes qui veulent absolument vous interviewer…
Mademoiselle Mitemarre (regardant vers les coulisses) ― Oui, c’est vrai mon bibi, il y a même la télévision !
L’amiral Pompon ― Eh bien, je vous remercie tous, mais là (désignant sa valise), je dois m’en aller.
Dufour ― Mais enfin, mon vieux, tu n’y penses pas ! C’est exceptionnel tout ce qui t’arrive.
L’amiral Pompon ― Tu crois que je devrais rester ?
Dufour ― Mais bien sûr, voyons.
L’amiral Pompon (réfléchissant) ― Oui… Mais je dois m’en aller. (Il referme sa valise.)
Tous (en chœur) ― Oh, mais enfin…
Monsieur Taucou (en tenant un cornet de téléphone) ― Amiral, Amiral, attendez, j’ai ici le président de la République qui voudrait vous féliciter en personne… Et, oh ! Où est-il passé ?
Chourfette ― Je ne sais pas, il était encore ici il y a une seconde à peine.
Porthos (remettant son épée au fourreau) ― Capdédiou, le porc ! Il a réussi à nous échapper.

RIDEAU

*

La critique de Jules Cuit

L’amiral est ferme ! Pour le plus grand bonheur des spectateurs.
Superbe pièce d’Olaf Angoulot où l’on retrouve Guy Toucrême dans le rôle du centre-avant.

*

Et vous, que pensez-vous de cette pièce ? 

Pourquoi tous les personnages veulent-ils s’en prendre à l’amiral ?
De quelles « affaires » doit-il s’occuper ?
Et le contenu de sa valise a-t-il une importance ?

Nous attendons vos opinions tranchées en commentaires !

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O
Magnifique clin d'oeil à Jacques Brel avec cet évanescent amiral Pompon dans lequel tout clerc avisé reconnaîtra le "Caporal casse pompon" (car l'amiral Pompon se casse).<br /> <br /> Tout mélomane et même midinette (et aussi danseuse pour le grand écart) ne manqueront pas de retrouver à chaque strophe ponctuée par l'amiral le " mais je dois m'en aller" du groupe Niagara et de sa passionaria aux cuissardes et aux lèvres carmines, Muriel Moreno. Sexy comme un vol de gerfauts au dessus d'une potence.<br /> <br /> Cette pièce n'est sans doute pas née du hasard non plus et sans doute faudrait-il y voir un lien avec la réalité imminente. Ainsi, sans déborder d'extrême imagination, pourrait-on y déceler l'adieu au monde de Léonard Cohen. <br /> Car tout le monde le retient; de l'accessoiriste symbolisé par Chourfette à toutes les catégories de publics possibles à imaginer (des footballeurs mais aussi des théâtreux déguisés en mousquetaires), en passant par les midinettes et maîtresses de service (madame Cumoire, mademoiselle Mittemare) jusqu'à l'assureur cynique car Cohen se fait vieux. Et pour cause, il en meurt doucement. <br /> Personne d'ailleurs ne parviendra à le convaincre de rester.<br /> <br /> Olaf Angoulot n'est pas du tout un auteur dadaïste comme beaucoup de critiques (sauf Jules Cuit qui ne s'est jamais prononcé catégoriquement)l'ont toujours pensé mais un véritable symboliste. Un de ces génies incompris qui ne relie pas automatiquement "le vert au théâtre" à la Parque ou la camarde mais plutôt à l'absinthe. Et ça, c'est des plus réjouissant.
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G
Sexy comme un vol de gerfauts au dessus d'une potence...<br /> De belles images, un ton juste, de l'absinthe à gogo. c'est toujours un plaisir de lire vos analyses. Ce mercredi justement le rideau va se lever sur "La Pièce à conviction" de Miguel Pouffetupe. Un régal pour les amateurs de salace et de saucisson sec.
J
Voici l'histoire émouvante de l'amiral Pompon, un vieux marin qui voudrait bien mettre les voiles. Malheureusement pour lui, mais pour le plus grand plaisir des spectateurs, son beau navire est amarré à plus d'une bitte.<br /> Cette nouvelle pièce d'Olaf Angoulot est incontestablement mieux maîtrisée que la précédente. L'espèce de crescendo sur laquelle elle est bâtie fonctionne à merveille. Plus la pièce avance, moins l'amiral part.<br /> A l'époque, pourtant, la pièce fut mal accueillie. Le public attend pendant une heure les raisons du départ de l'amiral, et il prend mal le fait que, lorsque le rideau tombe, le personnage n'ait toujours pas craché le morceau. Pour quelle raison garde-t-il le silence ? Modeste est Pompon, serait-on tenté de dire. (Ce n'est certes pas Georgie qui nous contredira.) Mais les spectateurs ne l'entendent pas de cette oreille. A la fin de la pièce, lors de la première, c'est le nom de l'auteur, que le public scande. Et le ton est peu amène. Bien qu'Olaf Angoulot se sente flatté d'avoir fait l'unanimité, il n'en est pas moins obligé, les choses dégénérant rapidement (sièges projetés, public envahissant scène et coulisses...), de sortir d'urgence du théâtre, réussissant en dix secondes ce que son personnage venait de promettre en vain une heure durant.
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G
Cette pièce de ce bon vieil Olaf Angoulot (auteur très apprécié, du reste, par les Italiens) comporte une énigme. Pourquoi tous les personnages sont-ils armés ? Pourquoi veulent-ils s'en prendre à l'amiral ? <br /> Notre sympathique ami, l’amiral Pompon, semble ne devoir le salut qu’à sa fuite, disons même à son exil. Il est clair que l’auteur s’inspire des contes et légendes, tous ceux qui, précisément, traitent de disparition subite.<br /> La forme principale de disparition est le sortilège de « Proof ». Ce sort est habituellement lancé en utilisant l'incantation « Evanesco », qui signifie " disparaître" en latin. L’amiral débute donc par la disparition d'invertébrés (des escargots), ce n'est qu'ensuite qu'il s’évanouit.<br /> Un énorme clin d’œil est adressé ici à miss Froy dans le film « The Lady vanishes » (Alfred Hitcock 1938), clin d’œil qui explique à merveille l’a volonté de tuer présente chez tous les personnages.
P
La pièce d’Angoulot n’en est pas une. Le théâtre est mort, nous dit le dramaturge (d’où qu’il expédie l’une de ses plus célèbres pièces en un acte). Tout comme le roman, l’art, la nature… l’individu. <br /> L’homme n’est qu’un mirage, rutilant parfois, disert et prompt à s’égailler, car toujours sur le départ et prêt à boucler la boucle à la boucle, celle d’une œuvre en cours et en voie d’achèvement. Le temps, en cela, est fort précieux. Et l’Amiral, ce « prince de la mer », cet aristocrate du sens, le sait fort bien, que face à la foule, fut-elle une foule d’admirateurs, il n’y a qu’une chose à faire pour échapper à sa voracité quasi christique et ne pas être dévorée, absorbée par elle telle l’encre par le buvard, et donc détruit: disparaître, se retirer en un lieu (dans le Sud ?) de retraite salvateur (un peu à la manière d’un Zarathoustra), où il trouvera enfin la lumière et la grâce pour y achever seul, ainsi qu’il l’a toujours été, comme sur la scène (orgiaque de ses rêves), son grand oeuvre. Ce que fait l’Amiral donc, désignant du doigt, chaque fois qu’on l’interpelle, « SA valise », SON « bagage »… fondement d’une sagesse éternelle et retrouvée… <br /> Mais, pour Angoulot, si la « masse » (les autres), peut s’avérer contraignante pour ne pas dire menaçante pour l’UN (chaque protagoniste qui la constitue porte une arme), elle est celle aussi qui permet et accélère du coup son affranchissement : l’Amiral, en effet, profite de la confusion qui règne une fois la foule de ses « sollicitants » reconstituée pour disparaître - technique très usitée qu’Angoulot maîtrise à merveille – de façon quasi inaperçue et entamer une partie de cache-cache qui ne pourra que lui être bénéfique…<br /> Et il en va de même pour l’Auteur Saint Maur/Angoulot qui, en double amphigourique du personnage qu’il crée – l’Amiral, donc (il y a ici contamination du réel par la fiction) -, annonce dans un commentaire au contenu aussi mystérieux qu’inattendu, son départ pour la Provence (le Sud, une fois de encore) pour, dit-il, achever le travail, le Roman, ce Phénix redoutable. Réelle ou pas, l’annonce de ce départ précipité et digne d’un acrobate (nous sommes entre absence et présence) dans le fil habituel des commentaires, par sa soudaineté, rappelle l’ambigüité du lien entre l’auteur et son œuvre, dans ce que l’un cache ou révèle, dans ce qui pourrait, ou pas, peu importe, constituer une subtile mise en scène - élaborée avec la complicité « coupable de l’Editeur -, de manière à jeter de l’huile sur le feu, à nous confondre, à réinventer, tel un trouble-fête, la relation de l’auteur à son oeuvre.
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G
Contamination du réel par la fiction...<br /> Quelle belle analyse !
G
Je profite de cet espace pour annoncer à nos fidèles lecteurs que je vais laisser à Franck Joannic le soin de répondre à vos commentaires.<br /> Je dois, en effet, m'absenter pour terminer mon nouveau roman "Judain", dont la publication est prévue en 2017.<br /> Pour mener à bien ce projet, je me retire en Provence, au "Chalet du Vieux Hibou", lieu propice à ce genre de projet.<br /> Je vous remercie tous de votre fidélité et vous dit à l'année prochaine.
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B
Après avoir mené ma petite enquête et entrecoupé les différents indices malicieusement semés çà et là par Angoulot, je crois pouvoir affirmer sans crainte que l’amiral Pompon est étroitement lié aux disparitions mystérieuses de femmes qui ont sévi et sévissent encore à Ciudad Juárez, plus communément appelée Juárez (Mexique, état du Chihuahua). Que je m’explique…<br /> Tout d’abord, les trois mousquetaires et d’Artagnan évoquent l’interpellation d’un certain Sam le gros à la frontière mexicaine. Il est donc fort probable que l’action de cette pièce se déroule à El Paso (Texas), ville frontalière de Juárez, où passe le Rio Grande si bien chanté par Eddy Mitchell.<br /> Deuxième indice : la Coupe des vainqueurs de Coupes, évoquée par les fiers joueurs de l’Olympique. Cette compétition footballistique, aujourd’hui disparue, se joua entre 1960 et 1999. Là où les choses deviennent intéressantes, c’est le nom de l’équipe de football qui vient remercier l’amiral : l’Olympique. En effet, l’Olympique de Marseille remporta sa Coupe d’Europe en… 1993, comme par hasard l’année même des premières disparitions de femmes à Juárez. L’étau se resserre donc autour de l’amiral, dont la volonté de partir précipitamment (« Toute affaire cessante ») semble également bien étrange. L’homme sait qu’il n’a pas besoin des services de Jules Leplat, dont toutes les assurances ne sauraient couvrir ses arrières. L’amiral Pompon aurait-il vu quelque chose qu’il n’aurait pas dû voir ? Ses nombreux visiteurs, dignes du « Bal des casse-pieds » d’Yves Robert, et leurs incessantes invitations au voyage qu’ils lui lancent, ne seraient-ils pas le fruit d’un rêve fiévreux et angoissé ? Des représentations mentales et oniriques de membres d’un cartel mexicain menaçants et voulant atteindre à ses jours ?<br /> Quoi qu’il en soit, cette partie de Cluedo déguisée et grandeur nature, remportée haut la main et sabre au clair par l’amiral Pompon sans qu’une seule goutte de sang n’ait, pour l’instant, été répandue au sol, laisse la porte ouverte à de nombreuses interprétations, mais également un malaise diffus quant à sa destination finale... Je n’ose donc souhaiter à ce sombre héros un bon voyage, de peur qu’il ne rencontre quelque mariachi venant lui jouer un drôle d’air dont il ne pourrait se souvenir…
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G
Une très belle enquête, Baron. Il est vrai que l’on pourrait penser que tout se passe à El Paso, mais c’est en réalité à Tijuana que se situe le cadre de notre action. Tout nous y fait penser (notamment le détour que fit Lee Harvey Oswald à Laredo, le 26 septembre 1963). Ce n’est pas la première fois que l’arrestation de Sam le gros déclenche une vive polémique entre les deux villes mexicaines ; certains critiques ont même imaginé que le trajet de l’amiral Pompon remontait vers les Rocheuses pour atteindre San Juan, dans le Colorado. On imagine combien son voyage était dangereux, entouré par de tels « amis ». Merci, fidèle Baron Psitite pour avoir, une fois de plus, ramoné nos trompes d’Eustache et donné à nos écueil la valeur d’un cadre en bois.