Un poème
Hier soir, j’ai posé quelques questions à Charly Wang sur son associé Jimmy Jones.
Le propriétaire du White Swan a souri et a murmuré : « Nous y voilà… » Et puisqu’on y tenait, il allait nous montrer quelque chose.
Il a quitté le bar de l’hôtel et j’en ai profité pour me resservir un verre de rhum, un Havana Club quinze ans d’âge qu’il avait ouvert pour l’occasion.
Charly Wang sait s’adapter à ses invités. Ses relations d’affaires peuvent savourer le meilleur bourbon de N.D.Lay et il arrose les repas avec ses amis de Little China d’un baijiu réservé dans leur pays d’origine aux cadres du Parti.
Je n’ai jamais su ce qu’il préférait réellement.
Il est revenu quelques minutes plus tard avec un vieux numéro de Poetry :
― Saviez-vous que ce Monsieur Jones fut jadis un poète des plus prometteurs ?
J’ai pris la revue. Le poème de Jimmy Jones était bien dans la veine de cette école de N.D.Lay, fortement imprégné de substances de synthèse de toutes sortes.
Il s’intitulait : « Et les enfants se ruaient sur ses plaies heureuses ouvrez grand vos bouches mères malheureuses ».
― Ce Jimmy Jones est décidément très surprenant, n’est-ce pas ? me dit Charly Wang.
Là, pour la première, j’ai lu dans ses yeux, lui toujours si clairvoyant, quelque chose qui ressemblait à de la perplexité.
Édouard.k.Dive