Un été caniculaire
Je passe mes après-midi à quadriller l’Inside City, armé de mon Zeiss Ikon Contax. C’est un vieux coucou ayant appartenu à Robert Capa, à ce que m’a dit O’Flaherty. Ce type adore la ramener avec ses anticailles. Pour ma part, j’aurais préféré un numérique. Le Ds Mark III par exemple, un petit bijou que j’ai vu traîner dans le département « Regard sur le monde ».
Malgré le prix de la pellicule, je mitraille de façon systématique comme me l’a appris Ange Staboulov. Depuis son passage à la tête de l’OBNI, il a développé un penchant pour les méthodes radicales.
Je passe des heures à arpenter les rues du quartier. Le soleil tape dur sur les façades en béton. Je tente de me protéger des mouches qui deviennent vicieuses à cause de l’odeur des poubelles qui s’entassent sur les trottoirs. « Une preuve supplémentaire de l’incurie de la municipalité », s’insurge Charly Wang.
Au conseil d’arrondissement, il a menacé les bureaucrates de la mairie d’aller lui-même, avec ses gars, ramasser les ordures et les déposer dans les quartiers résidentiels de la banlieue Est. On l’en croit capable.
Jimmy Jones est à la tête de cette bande de petites frappes que le propriétaire du White Swan a constituée. Tout ce beau monde commence à inquiéter jusque dans l’Inside. De nombreux graffitis dénoncent Wang et son acolyte. Je me dépêche de les photographier. J’ai l’impression qu’ils seront les premiers à subir les assauts du Karcher.
Est-ce pour ramener les traces de cette contestation qu’O’Flaherty m’a confié cette mission, ou pour cette mystérieuse silhouette sombre bombée sur la façade du White Swan avec cette inscription : « À la mémoire de Dounia Summers » ?
Édouard.k.Dive