Malaise Blaise
Mes godasses prenaient l’eau et mon univers mental ne valait pas mieux. Il pleuvait depuis plusieurs jours déjà. Je passais mes journées dans les locaux de l’OBNI à compiler les bulletins météo des deux dernières années. Je faisais un relevé lexical et numérisais tout cela au format Vorbis. Un travail de titan. J’en avais ma dose des dépressions, des précipitations et des anticyclones.
Et tout cela pourquoi ? L’Ange-1 me l’avait expliqué avec sa délicatesse habituelle :
― Écoute, tu me fatigues avec tes questions à la noix mais comme je suis de bonne humeur je vais quand même te faire le pitch.
Il s’arrêta un instant, le temps de voir l’effet produit par sa formule à la con. Il dut observer sur mon visage l’ennui profond que m’inspiraient ces expérimentations lexicales et reprit son topo, l’air légèrement agacé.
― Bon. Comme tu l’as sans doute remarqué, depuis quelques jours, le temps est un peu monotone. Il pleut. Partout et tout le temps. Apparemment on n’en voit pas le bout. Alors on s’est dit avec les potes que de balancer au grand sachem des infos météo un peu plus diversifiées rééquilibrerait peut-être le climat.
Voilà. Fin de l’histoire.
Je dévisageai le numéro 1 de l’OBNI. Il avait l’air sérieux. Les grosses têtes avaient-elles pété les plombs ou le monde allait-il si mal qu’il n’y avait plus qu’à faire semblant de contrôler quoi que ce soit ?
Je haussai les épaules. À quoi bon comprendre ? Ces mecs me payaient, et plutôt bien. Je monnayais à sa juste valeur mon beau diplôme en linguistique appliquée à toutes les conneries possibles.
Au-dessus d’une certaine somme, le client est roi.
Édouard.k.Dive