Position 34

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Dans les épisodes précédents :
Crochetrain a créé un double de Psychœ.

Lieu noir...

Nue comme un dogme et calamistrée comme le masque de Méduse, Psychœ tambourinait la porte de sa prison depuis des heures.

Bon sang, laissez-moi sortir ! Si c’est un enlèvement, croyez-moi, personne ne paiera la rançon.

Évidemment, même si elle n’était pas la plus maligne du lot (voir supra), ce n’était pas non plus une parfaite idiote ; elle avait tout de suite admis l’erreur de tactique qui avait abouti à son incarcération.

Elle avait mal joué et devait passer son tour.

Au vu des manigances de cet ignoble père chétif, elle n’était pas prête de sortir. Une tonne de salauds pèse plus lourd qu’une tonne de braves types.

Sa pipe vide cognait sa cuisse avec un soupir gourmand.

Elle savait, en bonne logique métapolienne, qu’elle aurait du tout faire pour acheter coûte que coûte la Maison du Sacrifice avec Crevert. Il aurait fallu gagner du temps, installer des oreilles à chaussettes, consigner tout ceci dans un carnet à spirale.

Mais le passé était le passé. Cette histoire de bombe avait été la goutte monoarthritique qui avait fait exploser le vase de Soissons. Désormais tout était fini entre eux deux.

Ainsi elle avait bel et bien été dupliquée !

Sa parfaite réplique : Psychæ, était entrée dans le Métapoly comme une colombe entre dans un nuage, c’est-à-dire à peine entrevue, sans laisser de trace.

Ah si, une odeur de ruisseau qu’elle répandait à chacun de ses déplacements.

Ceci dit, cela présentait un net avantage car ses coups secrets n’auraient fatalement plus rien de secret. N’empêche, il était clair qu’elle allait voler de ses propres ailerons.

Psychœ était si énervée par toute cette histoire qu’elle perdit presque connaissance.

Une fois calmée, elle renversa sa tête sur un oreiller sale. Et, tandis que les muscles de son dos se détendaient peu à peu, elle fixait le plafond sinistre où, comme une araignée au bout d’un fil, descendait une ampoule nue.

Le coup que lui avait asséné le père chétif pour la maîtriser alors qu’il la kidnappait lui faisait encore bien mal et, en tâtant la bosse importante au milieu de ses cheveux, elle le maudissait du fond de son cœur.

Elle ne trouvait d’apaisement qu’en se délectant, par avance, des supplices qu’elle ferait endurer à cet affreux bossu le jour où elle le retrouverait.

La demi-obscurité qui régnait dans la pièce l’amena à échafauder des projets d’évasion.

Un élément intéressant du Métapoly était que le roman avait prévu sa propre corruption. Elle devait se glisser, sans être vue, vers une porte rouge vif où brillaient en lettres lumineuses ces simples mots : « Sortie de secours ».