Position 39

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Dans les épisodes précédents :
Le maître Bougebouche fait l’objet d’une diffamation.

Étable en marbre...

« Dans son bureau, Gotzbenglutz s’agitait. On n’avait pas encore parlé de lui depuis le début du livre et il s’inquiétait pour son rôle… »

Qu’est-ce que c’est encore que ces conneries ? dit Bolzaire en diminuant le volume du téléson. Qui est ce… ah bon sang, c’est imprononçable. Qui est ce Gotz-machin ?

C’est notre nouveau protagoniste, répondit avec satisfaction le maître Bougebouche. C’est bien pratique, il focalisera l’attention du Lecteur et des autres Personnages.

À qui voulez-vous faire avaler de telles âneries ?

Il faut donner du grain à moudre aux Hommes de Cuc. Vous verrez, ils oublieront vite le scandale qui m’éclabousse.

Ce n’est pas un nom bien de chez nous, en tout cas.

Tant mieux ! Ils n’aiment pas du tout les étrangers.

C’est vrai que les Hommes de Cuc sont un peu limités, admit Bolzaire. Mais parlons d’autre chose.

De quoi ?

Mais de l’antitexte, abruti ! Avez-vous au moins pondu quelque chose ?

« En toute circonstance atténuante, l’air marin avait, à coup sûr, un air malin ! »

Bravo ! applaudit le magnat Bolzaire. On ne pige rien du tout. Ça, c’est de l’antitexte.

C’est vrai ? mendia Bougebouche avec veulerie. Je ne m’en sors pas trop mal ?

Écoutez, ça me fore le derrière, mais pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.

Mais je suis maître !

Grâce à qui ?

Vous avez raison de me le rappeler toutes les cinq minutes, je pourrais l’oublier.

Allons, allons, vous êtes quand même le phénix des hôtes de la forêt visionnaire.

Bougebouche transforma habilement son regard en rafale de supprequin. Tout autre que Bolzaire aurait rendu sa poudre à Escampette.

J’ai commencé quand j’étais jeune, débita le magnat des chemins de fer, avec une voix d’étron. Dans le Labyrinthe, il y avait un vieux moisi qui était rémouleur. Il avait une espèce de cloche qu’il agitait comme un Père Noël de série B et chacun lui apportait son céleri.

Un petit crachin humectait obstinément les vitres. Une lumière changeante balafrait tous les murs et le mobilier.

Un jour, continua Bolzaire, les gens prirent l’habitude d’acheter du céleri rémoulade préemballé. Le vieux partait de très bon matin et revenait tard le soir sans ramener de quoi nourrir ses poissons…

Le parallèle avec Le Secret de Maitre Cornille n’échappa pas à Bougebouche. Il aurait donné gros pour être momentanément frappé de surdité.