La Règle du jeu

Publié le

Argument faible (fourni par François Cosmos) :
L’action se passe à l’occasion de la grande réception estivale annuelle au Castle Nicktamere (unité de lieu), au milieu de nulle part dans la campagne anglaise, entre six heures du soir et le lendemain matin (unité de temps), à l’heure où les plus fêtards s’endorment enfin, ou où (outre les noisettes et les écureuils, les oiseaux de nuit pullulent et hululent à foison dans le parc alentour et jusque sous les combles du château) les premiers levés prennent leur breakfast, ou jusqu’au moment où les derniers invités quittent les lieux après avoir fini les restes du dîner en guise de déjeuner. Comme on le découvrira dans le chapitre introductif, alors qu’il règne une victorieuse chaleur caniculaire, Lady Nicktamere, au moment d’aller accueillir ses hôtes, n’arrive plus à remettre la main sur son éventail, qu’il va s’agir, pour les auteurs de l’Abat-Jour, de rechercher dans toute la demeure et sa propriété, et pendant toute cette nuit (unité d’action).

Argument fort (idée venue à Cosmos François, modérée par Franck Joannic) : C’est un roman « en éventail » :
- Le premier contributeur (François Cosmos, après tirage au sort effectué par Cosmos François sous le contrôle de Lydie Salvayre) écrit le chapitre introductif, qui est le chapitre 6:00 (comme Six o’clock ; innovation fondamentale, à la connaissance de FC comme de CF, dans l’histoire de la littérature mondiale).
- Franck Joannic confie à deux autres contributeurs la rédaction du chapitre 7, qui est donc le deuxième, ou plutôt les deux deuxièmes, du roman ; ce seront les chapitres 7:00 et 7:30.
- FJ confie alors à deux contributeurs la rédaction du chapitre 8 qui forme la suite du 7:00 (ce seront les chapitres 8:00 et 8:15), et à deux autres contributeurs la rédaction du chapitre 8 qui forme la suite du 7:30 (ce seront les chapitres 8:30 et 8:45).
- Et ainsi de suite… Si FJ ne trouvait plus assez de contributeurs au bout d’un moment, il pourrait se contenter d’un continuateur au lieu de deux. Par exemple, un seul continuateur pour le 7:00, pour deux pour le 7:30 ; ces chapitres suivants seraient alors appelés, respectivement, 8:00, 8:20, et 8:40.
- Quand tout le monde en aura marre, Maître Joannic sifflera la fin de la récréation, et confiera à un ou plusieurs contributeurs le soin de conclure, par un seul chapitre, tout ce micmac ― Maître Cosmos est candidat, mais il sera peut-être mort ou dément sénile précoce d’ici là, et Maître Joannic reste de toute façon seul maître à bord du paquebot L’Abat-Jour (tiens, une autre idée pour un deuxième roman-feuilleton en éventail : l’action se passe à bord d’un paquebot de luxe, dans le dédale duquel le capitaine Achablé a égaré son rhinocéros de compagnie ; le titre : E la nave va sur le Nil blanc).
Du fait des unités de lieu, de temps et d’action, ces contributions à la semi-aveugle devraient parvenir à faire involontairement se croiser et se recroiser les personnages, s’entrecroiser leurs actions, et se chevaucher les temps, aboutissant à une forme « en toile d’araignée », qui pourrait donner un résultat dans la veine de La Vie mode d’emploi, Shining, La Règle du jeu (pas celle de BHL) ou Meurtre dans un jardin anglais, ou encore à la Alan Ayckbourn (possiblement en moins réussi). Certains engorgements dignes de la scène de la cabine d’Une Nuit à l’opéra ne sont pas à exclure.   

Contraintes fortes (pour partie fortement renforcées par Franck Joannic) :
- Chaque chapitre se déroule dans une pièce différente du château (boudoir de Lady Nicktamere, salle de bal, salle de billard, chambre de X ou Y, cuisines, chambre froide, sauna scandinave, placards à balais, etc.) ou de ses dépendances (écuries, serre tropicale, jardin à la française, labyrinthe végétal, étang à nénuphars avec son pont japonais, etc.), et à l’heure indiquée.
- La chasse à l’éventail doit rester le but de tous les chapitres, elle peut éventuellement n’en devenir que le prétexte, mais devra dans tous les cas y être au moins mentionnée.
- Aucun auteur ou ni éditeur de l’Abat-Jour ne doit apparaître en tant que personnage (certains pourraient mal le prendre et vouloir se venger, et il ne s’agit pas que cette possible friandise se transforme en Agatha Christie trash ou gore ― ceci dit, pourquoi pas (un Agatha Christie trash et gore) ?).

Contraintes faibles : 
- Les contributeurs des chapitres parallèles les écrivent indépendamment, sans se concerter (ou alors ils se démerdent, personne ne va aller leur tenir la plume et faire la police littéraire dans les couloirs du château et les allées du parc).
- Les Nicktamere sont richissimes et généreux, et leur demeure est très vaste (sans compter le parc), aussi les personnages peuvent apparaître d’un chapitre à l’autre et se mettre à proliférer comme des drosophiles. Toutefois, l’effet Spiderman évoqué plus haut ne pourra être obtenu que par un retour épisodique à la Balzac au moins des personnages principaux. C’est notamment pour cette raison qu’on a cherché à ce que les auteurs mâles obsédés hétérosexuels, et les auteures à inclinations lesbiennes plus ou moins affirmées, soient rapidement très attaché-e-s aux caractères féminins bien trempés qui apparaîtront dès le chapitre introductif. 

Contraintes absentes (détendez-vous, souriez…) :
- Des contributeurs peuvent revenir écrire plusieurs chapitres, qu’ils soient ou non la suite d’une de leurs contributions précédentes.
- Le Castle Nicktamere étant propriété familiale depuis des siècles, et ayant été meublé au coup par coup et selon les goûts changeants des héritiers successifs, toutes les pièces ont des décorations différentes, et donc tous les styles sont permis. On pourrait même entrouvrir des portes donnant sur des scènes que même Kubrick (sans parler de Stephen King) n’aurait osé glisser dans Shining.
- La chambre jaune, la 237 et la suite 2806 ne sont pas interdites.
- Le côté British, toujours plaisant, n’est pas obligatoire : on est au XXIe siècle, et les Nicktamere reçoivent maintenant une société mélangée et cosmopolite, aussi bien la Jette Sec internationale que la Star Ac’ et son nombreux public (la populace, quoi).
- Enfin, comme on le sait, la météo est rapidement changeante sur les îles britanniques, et si tout va commencer sous la canicule, il peut arriver que les nuits deviennent très fraîches même au cœur de l’été, aussi les auteurs ne doivent pas hésiter à faire tomber un peu, voire une bonne couche de neige sur le parc et les toits du château si le besoin romanesque s’en faisait sentir (sans compter la pluie, mais ça évidemment, ce serait le contraire qui deviendrait à force étonnant). 

Récompenses (pour partie promises par les éditions de l’Abat-Jour) :
- Outre le privilège de participer, comme il a été souligné plus haut, à la première œuvre de la littérature mondiale à commencer par le chapitre 6, les contributeurs pourraient, de surcroît, avoir la chance d’entrer également dans le Livre des records (et donc de se partager un pack de Guinness) en coécrivant le premier roman qui soit objectivement et volontairement interminable (on épargnera ici les susceptibilités et de la place en nous abstenant de citer la longue liste de ceux qui le sont subjectivement et involontairement), et qui constituerait donc dans le domaine littéraire un modeste équivalent du Never Ending Tour de l’incomparable et inatteignable Robert Allen Zimmerman.
- Par ailleurs, si les auteurs travaillent bien, et comme il faut savoir terminer une longue comme une brève, ils se verront offrir, par les éditions de l’Abat-Jour, un livre électronique regroupant leurs contributions et agrémenté d’illustrations. 


François Cosmos

Commenter cet article