Épisode 15 : Macabi 1 - Moussy 1 : nul valable
UN NUL arraché à la 98e minute de jeu (coup franc de Serge) sur la pelouse du leader incontesté et table du groupe C, un scénario rigoureusement identique à celui du match disputé à Herblay (égalisation de Serge dans les arrêts de jeu, cf. épisode 5, Un beau match nul et les éléphants roses des troisièmes mi-temps qui chantent), ai-je bien dit nul ? Non, les hommes de Mourininho ne veulent pas mourir, pas encore, pas tout de suite.
Mourininho est en train, mine de crayon, de réaliser un exploit à la mesure de sa réputation : repousser les limites du possible en sauvant de la relégation son équipe d'anciens, ses enfants comme il dit, lâchant au passage un indice sur l'âge-du-sage. Pour ce match, depuis qu'il est devenu une star médiatique, le Grand Petit Coach avait soigné sa présentation et revêtu son habit le plus sombre, élégant, sobre, pantalon noir, blouson noir, chaussures à bascule noires, humeur noire, comme pour signifier à l'adversaire du jour quel oiseau de mauvaise augure se déplaçait au stade du Mont de Gif chez le leader quasi-champion 2011, le Macabi, et ce au mépris du fait que son urologue, le Docteur Smadja qui doit prochainement l'opérer de la prostate, évolue dans cette équipe.
Notez le plus discrètement possible le nom de l'arbitre officiel qui a dirigé cette rencontre : Antonio Amaral de Castro. Pardon ? Oui, un ami d'enfance de Mourininho, ils sont originaires du même village. Comment ? Évidemment, la mafia... il fallait les voir, Mourininho et lui, s'échanger des messages codés en conférence de pressage, le même verre de pastaga en main : « Mille crampons, où kè sont les cawètes ? Y'a déjà plus d'olives ? »
Important, Belloy et Vigny, les deux équipes en lutte directe avec les Moussyacois pour le maintien ont toutes les deux fait dimanche une mauvaise opération en s'inclinant respectivement face à Neuville et Bruyère, deux équipes que plus personne n'arrête en cette fin de championnat complètement débridée, riche en faux rebonds. Il reste à Moussy trois matches à jouer, douze points à prendre.
Il faudra aller les chercher pour entrer dans la légende.
Et le Grand Petit Coach, déjà canonisé « entraîneur du siècle » par un certain nombre d'observateurs, quittant le stade sous le crépitement des flashes, faisant l’essuie-glace avec son index, de s'adresser aux journalistes qui l'interrogent sur son avenir au sein du club ou évoquant les soupçons de dopage planant sur son équipe : « Pour ce qui est de la saison prochaine, hip, je n'ai pas encore dit oui au Bayern de Munich hip qui cherche un successeur à mon ami de trente ans Jurgen Klinsmann. Je communiquerai sur ce sujet après la dernière journée, après le match contre Belloy, hip, le 7 juin prochain. Aussi, vous savez comme moi qu'en marge du championnat, l'affaire dite des « vétérans fumeurs de joints » hip qui a éclaté en interne secoue grandement le groupe. Je ne peux hip que m'indigner devant de telles contre-vérités. On cherche à déstabiliser mon groupe, cela pour de basses raisons intestines, hip, et c'est moche. Et je peux vous dire, hip, droit dans les yeux, en levant bien haut mon gobelet de pastaga, que tant que je resterais coach de cette équipe, hip, je ne laisserais personne salir la réputation des mes joueurs. (Il titube, y'a du vent.) Aucun joueur de mon groupe, j’ai bien dit bien AUCUN, hip, ne peut être soupçonné d'avoir tiré ne serait-ce qu'une minuscule bouffée sur une quelconque cigarette de drogue. La drogue hip c’est de la merde. Est-ce que je me suis bien fait crom-prendre messieurs hip les cha… les cha… rognards ? (Il tombe, foutu vent.) ».
Classement : toujours 10e devant Vigny et Belloy
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