Position 8

Publié le

 ​ VOIR TOUTES LES POSITIONS


Dans les épisodes précédents :
Dans le Labyrinthe se trament des plans toujours plus insidieux.
Vieux complices, le magnat Bolzaire et le maître Bougebouche n’attendent plus que le Rescrit qui entérinera l’antitexte.
Que va devenir le Métapoly ?

Palais des progrès...

Le magnat Bolzaire fit claquer ses dents de laid.

— Je vous dis que je veux en finir avec le memento mori. Ce n’est pas compliqué. Si ?

— Question de point de vue, répondit Bougebouche.

— C’est tout simple, mon vieux, faites un effort et rappelez-vous que, pour y arriver, je ne manque pas d’antitexte, j’en ai des brouettes pleines.

— À ce point-là ?

— Blindé, je vous dis. J’en ai en brochettes, en saucisses ou en pâté. Alors débrouillez-vous pour faire passer ce Rescrit. Et vite !

— Oui, oui, on y travaille, sifflota l’autre.

— Au Métapoly il ne suffit pas de jouer au maître, il faut être efficace.

Le soleil, qui pénétrait le palais par les grandes portes sculptées, illumina fugacement une colonne dorique sur laquelle on avait fait un graffiti.

— Lorsque j’ai fondé ma compagnie de chemins de fer, se gargarisa Bolzaire, je ne possédais même pas un schéma complet du Labyrinthe. J’ai commencé avec une machine à écrire à pédales et du papier carbone.

— Eh bien bravo ! le complimenta à contrecœur son associé, Bougebouche.

— On peut dire que j’en ai bouffé de la Hache enragée (jeu des 7 erreurs), poursuivit l’autre avec passion, je vous parle d’un temps où le Labyrinthe était encore constitué de palettes en bois.

— Ça ne nous rajeunit pas.

Un ange repassa son auréole avec une centrale à vapeur.

— Écoutez, Bolzaire, le couplet de l’entrepreneur surdoué qui se beurre les bonbons de sa réussite, je l’ai appris par cœur au catéchisme. Alors si vous abordiez directement le sujet ?

Bolzaire perdait tout doucement son calme.

— Le sujet, c’est que je me déglingue comme une vieille locomotive. Sans mes piqûres, il y a longtemps que je serais en train de brouter la pelouse du terminus.

— Vous ne savez parler que de vous, dédaigna Bougebouche, est-ce que je vous parle de mes hémorroïdes ?

Il jugea de l’effet de sa tirade en tirant sur ses bretelles.

— Je me demande si j’ai bien fait de vous mettre à la tête du Métapoly, regretta Bolzaire, il faut quand même un minimum d’empathie…

— D’accord, je vous promets de m’en occuper.

— Ça m’arrache la gueule, mais je dois vous faire confiance.

— Vous avez ma parole, répéta hypocritement le maître.

— Bien, alors je vous laisse y travailler, conclut le magnat, plein d’espoir.

Et il se retira dans l’aile sud palatiale, comme Néron à Antium.

— Tu vas voir comment je vais m’en occuper, vieux débris. Tu vas comprendre ta couleur.

Commenter cet article

L
Le jurisconsulte Sapignac est dit-on né sous le signe nécrologique du Rat Crevé. <br /> Grand amateur de cuisses d’escargots, cette fine gueule (antithèse du Maître Bougebouche) œuvre au service du président Varquin (ennemi du magnat Bolzaire). Sa rouerie est un rouage dans le plan présidentiel, lequel roule de sombres desseins. <br /> Sapignac, autrement nommé Aspignac pour ses capacités vénéneuses aussi foudroyantes que lénifiantes, aime à ses heures perdues jouer des maracas tel un scorpion au milieu du feu.
Répondre
M
Je ne connaissais pas ce monsieur et j'avoue ne pas bien percer le sens de "memento sepelio".<br /> Par contre, peut-être est-il intéressant pour le Lecteur de définir le "memento mori" ? C'est à dire : "Souviens toi que tu meurs" (souviens-toi que tu vas mourir).<br /> Cette formule exprime la vanité de la vie terrestre.<br /> Je dis cela dans un but de clarté, mais je sais très bien que je ne devrais pas me mêler de vos élucubrations, poêle au fion.
Répondre
G
Cher Monsieur, on ne peut probablement pas vivre en pensant constamment à la mort, car cela endeuillerait tous nos instants.<br /> C'est peut-être dommage car, avec une telle pensée, la profondeur de nos actes change incontestablement de niveau.<br /> Disons qu'il faut y penser avec modération sans jamais la perdre de vue.
L
Crevert, vous devrez ainsi veiller à marquer des temps de pauses, saluant les points et les virgules. <br /> Il vous faudra affronter maints dangers, plonger au plus profond de votre subconscient afin de réfréner l’angoisse de la page blanche ! <br /> Pire ! Il vous faudra percevoir l’au-delà, percer la peau du phylactère pour voir l’autre dimension où l’incroyable Métapoly sert à coincer un pied de table à jamais recouverte de sulfite !
Répondre
G
Chère voix ferrée, bien content de vous entendre nous remémorer la superbe préface d'Henri Glauzen.<br /> Métapoly 1 (qui ne portait pas encore de numéro) reste une pièce maîtresse dans le domaine de l'antitexte.
M
Me revoici, Monsieur de Saint-Maur !<br /> Je continue à lire, ne vous en déplaise, poêle à la bouillabaisse, et je trouve toujours que votre roman-feuilleton est stupide, poêle au deltoïde.<br /> Je fais toutefois une exception pour la citation intelligente du "memento mori", poêle au riz, et je rappelle quand même pour les lecteurs qui ne sauraient pas ce que c'est, qu'il s'agit d'une formule du christianisme médiéval exprimant la vanité de la vie terrestre.
Répondre
G
Cher Monsieur, un de mes plus grands amis, René Debanterlé (malheureusement décédé en 1991, à l'âge de 33 ans) avait écrit, lors de son séjour à l'Academia Belgica de Rome : "Memento sepelio".
L
L’œuvre de Bougebouche s’impose aujourd’hui comme un sommet infranchissable. Un modèle à suivre en matière d’immobilisme administratif. Et elle laissera sa trace, il peut avoir confiance. <br /> Un maillage aussi solide n’est pas de ceux qu’on détricote en quelques décennies. <br /> Voilà pourquoi notre maître a toute mon admiration. <br /> Et, oui j’en conviens : Bougebouche est irresponsable. <br /> Irresponsable, mais pas négligeable.
Répondre