Mise en pièces
Une comédie en deux actes de Croissa.
Avec, par ordre d’entrée en scène des personnages :
- Jim le diable
- Augosto Moroli
- Hochet
- Concarnet
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Acte I
La scène représente une classe de l’université de Santiago. Jim le diable s’entraîne à faire des grimaces devant un miroir. Entre son ami, le facétieux Augosto Moroli.
Augosto Moroli (enthousiaste) ― Coucou !
Jim le diable ― Poil au cou !
Augosto Moroli ― Hahaha !
Jim le diable ― Bonzour Môssieur Gusto. Hahaha…
Augosto Moroli lui donne un grand coup de pied au derrière.
Jim le diable (avec une grimace désopilante) ― Ouille !
Augosto Moroli ― Sacré Jimmy, va ! (Il lui donne encore un coup de pied au derrière.)
Jim le diable (avec une grimace désopilante) ― Ouille, ouille !
Augosto Moroli ― Bon ça suffit maintenant. On a bien travaillé ! (Il lui donne encore un coup de pied au derrière.)
Jim le diable (avec une grimace désopilante) ― Ouille, ouille, ouille ! Môssieur Gusto.
Augosto Moroli ― C’est fini pour aujourd’hui ! (Il lui donne encore un coup de pied au derrière.)
Jim le diable (avec une grimace désopilante) ― Roustibouli !
Augosto Moroli ― Hahaha !
Jim le diable ― Alors Augosto, qu’en dis-tu ? (Il fait une grimace désopilante.)
Augosto Moroli (donnant un coup de pied au derrière de Jim) ― Bravo, mon Jimmy. Alors, comme je vois, tu es toujours décidé à faire le petit gugusse ?
Jim le diable (d’une voix de ciment) ― Augosto, je deviendrai le plus grand de tous les petits gugusses du Chili, ou je ne m’appelle plus Jim le diable.
Augosto Moroli (saisissant une grosse pince) ― On va voir ça, mon petit Jimmy. Déshabille-toi.
Entracte.
Acte II
La scène représente comme elle peut Hochet et Concarnet, deux chasseurs de prime adhésifs, armés de lassos magnétiques. Ils ont l’intention de capturer tous les gugusses du pays et de les ramener morts ou vifs devant la justice américaine.
Augosto Moroli ― Non. Mais que signifient toutes ces bêtises ? (Il donne un coup de pied au derrière de Jim.)
Jim le diable (avec une grimace désopilante) ― Ouille !
Augosto Moroli ― Qu’est-ce que c’est que ces didascalies pour imbécile ? (Il donne un coup de pied au derrière de Jim.)
Jim le diable (avec une grimace désopilante) ― Ouille, ouille !
Augosto Moroli ― Hochet ? Concarnet ? Non, non, non. (Il donne un coup de pied au derrière de Jim.)
Jim le diable (avec une grimace désopilante) ― Ouille, ouille, ouille ! Môssieur Gusto.
Augosto Moroli ― Ce n’est pas drôle. (Il donne un coup de pied au derrière de Jim.)
Jim le diable (avec une grimace désopilante) ― Magolitoti !
Augosto Moroli ― C’est complètement crétin, ça. (Il donne un coup de pied au derrière de Jim.)
Jim le diable (avec une grimace désopilante) ― Ouille !
Augosto Moroli ― Ça devient carrément une pièce pour fondus, oui. (Il donne encore un coup de pied au derrière de Jim.)
Jim le diable (avec une grimace désopilante) ― Ouille, ouille !
Augosto Moroli (complètement surmené) ― Bon, je propose qu’on en reste là. D’accord ?
Jim le diable ― Déon !
Augosto Moroli (souriant) ― Sacré Jimmy, va. (Saisissant sa pince :) T’aimes ça, hein, roulure ?
Jim le diable (avec une grimace désopilante) ― Ouille, ouille, ouille ! Môssieur Gusto.
RIDEAU
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La critique de Jules Cuit
Mise en pièces n’est assurément pas l’œuvre la plus fine, ni la plus réussie, de Léon Croissa. D’aucuns ont même cru y déceler de tristes allusions au coup d’État qui fit basculer le régime de Salvador Allende !
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Et vous, que pensez-vous de cette pièce ?
Avez-vous fait une grimace désopilante en la lisant ?
Quel sens donner à ses nombreuses redondances ?
Et combien de coups de pied au derrière y ont été donnés ?
Nous attendons vos opinions tranchées en commentaires !