Silence par Ariel Weil
Il était rentré tard ce soir-là. Anxieux, il avait tendu l’oreille, scruté le couloir. Il espérait que l’enfant serait encore éveillée. Il détestait la trouver déjà endormie. C’était pour lui comme de rater sa soirée. Il regrettait alors de s’être pressé ; luttait pour ne pas repartir. La mine déconfite et le pas rageur, il rôdait dans l’appartement, ivre de déception. Il déplaçait bruyamment les objets, feignant de ranger pour souligner le désordre. Il empilait souvent mon courrier et tout ce qu’il estimait me revenir de faire disparaître, qu’il posait en évidence dans l’entrée. Ses reproches muets l’apaisaient. Il échouait dans la cuisine.