L’Apocalypse selon K.Dive
On frappe à la porte. J’ai juste le temps de faire disparaître la chemise cartonnée posée sur mon bureau. Un homme entre sans attendre de réponse.
Il porte une blouse blanche et pousse un chariot :
— Monsieur Dive, votre repas... Vous ne voulez vraiment pas dîner avec les autres pensionnaires ?
— Je m'appelle Staboulov, je dis. Je vais vous le répéter combien de fois ! Ange Staboulov !
Le type en blouse blanche me regarde. Il y a comme de la lassitude dans ses yeux.
— Si vous voulez, Monsieur. Staboulov ou Timothy Tannenbaum, c’est comme vous voulez. Mais sur votre porte, il est écrit Édouard K.Dive. Alors je dois vous appeler Édouard K.Dive, ce sont les ordres. Il faudra d’ailleurs un jour m'expliquer ce que signifie ce « K » dans votre nom. « Kindred », comme le vieux père Dikkie ? Édouard Kindred Dive, le célèbre auteur de science-fiction. C’est ce que vous êtes, non ? Allez, je vous laisse. Bon appétit, Monsieur !
La blouse blanche sort.
*
La nuit tombe sur le pavillon Esquirol.
Dans le couloir, on entend les chariots qu'on pousse et leur kit de survie.
Je repense à ce type en blouse blanche et à ce qu’il m’a dit. « Édouard K.Dive, le célèbre auteur de science-fiction »... Par le grand empaffé, mais oui, voilà comment je vais faire connaître mes travaux !
Un roman de science-fiction.
Le titre s’est imposé aussitôt : « Oneiros ou la transmigration des âmes folles ».
Par Édouard K.Dive. Et comprenne qui pourra.