Justine Coffin
Je ne suis pas très à l’aise pour ce genre d’exercice : parler de soi, directement, sans l’intermédiaire de la fiction permettant d’exagérer certains traits, de passer des choses sous silence ou de se construire un personnage à partir d’un seul petit fragment de soi. L’écriture permet aussi de ne pas avoir à parler trop de soi-même (on parle finalement beaucoup des autres et peu de soi) même si utiliser cette déconvenue peut être parfois utile : « je ne parle pas de moi mais de mon personnage » (même si finalement c’est souvent assez vrai, cette excuse est parfois utile pour serpenter !). Et d’ailleurs, comment se définir en un instant t, nous qui sommes des êtres en constante transformation, des éléments modelés au contact des autres et de l’environnement, au fil de nos pensées et de nos expériences…
Déjà, d’un instant à l’autre, nous ne sommes plus tout à fait les mêmes. Je sais que ces impressions fugaces sont déjà l’éternel présent des fantômes que je laisse derrière moi ; les égrainant comme autant de clichés à la seconde de mes êtres passés. À chaque instant, je perds des bouts d’êtres de moi-même. Je voudrais lutter contre ça, alors que cette lutte même voile le présent continu s’effilochant devant mes yeux sans que je ne puisse y prendre part. Ce que ce personnage de ma nouvelle La mémoire des jours oublie, c’est que nous gagnons tout autant, si ce n’est plus, de bouts d’être au fur et à mesure que nous en perdons.
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Nouvelle publiée sur le site
La noyée
Nouvelle publiée dans la revue